Dans un entretien avec «Marianne », le professeur Moussa Seydi, Chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann, est largement revenu sur l’utilisation au Sénégal de la chloroquine pour traiter les patients atteints de la Covid-19. Parlant des travaux de l’infectiologue marseillais Didier Raoult, le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de Fann affirme : «Cette étude a des failles et des imperfections mais j’ai trouvé ses résultats intéressants malgré tout.
Comme le docteur Raoult, nous avons constaté une baisse de la charge virale au bout d’une semaine. Ce qui induit une guérison plus rapide. Le rapport bénéfice/risque est en faveur des bénéfices. Je considère que je ne perds rien en apportant ce traitement à mes patients. D’autant plus que je n’ai pas constaté d’effets secondaires. Pour l’heure, les résultats sont là. S’ils se confirment à long terme, tant mieux, on continuera. Sinon, on arrêtera. En attendant nous avons une attitude raisonnable. Nos patients sont suivis comme dans un essai clinique. Par ailleurs je tiens à préciser que je ne connais pas Didier Raoult. Je ne l’ai jamais rencontré et ne savais pas qu’il avait vécu à Dakar.
Cette démarche que j’ai vis-à-vis de la chloroquine n’a donc rien de sentimentale. C’est de l’ordre de l’urgence médicale ».
Il ajoute : «De manière générale, je peux vous dire que nous remarquons l’efficacité de l’hydroxychloroquine lorsqu’on l’administre à des patients qui n’ont pas atteint un certain stade de la maladie. Quand on a besoin d’une aide respiratoire, l’hydroxychloroquine n’est pas utile car l’avancée de la maladie est trop importante. La molécule a une utilité pour empêcher les cas de s’aggraver ».
Parlant de la situation de l’épidémie en Afrique, Moussa Seydi tire encore le sonnette d’alarme : «Le pire n’est pas encore arrivé et nous souhaitons que cela n’arrive jamais, mais nous devons continuer de nous préparer. A l’heure où nous sommes, le fait que la catastrophe ne soit pas arrivée ne veut pas dire que nous en sommes exemptés. C’est l’erreur fatale, c’est l’erreur monumentale, c’est l’erreur inacceptable à ne pas commettre. Nous devons considérer que le pire peut encore arriver sur le continent africain. Parce que c’est quand on se prépare au pire que l’on peut faire face en situation de difficulté ».
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