Publicité

L’incroyable destin de Serey Dié: « J’avais moins d’un euro par jour »

Publicité
Publicité

Voici son histoire: À lire absolument :

« Moi qui suis de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, j’ai profité d’une détection de jeunes pour intégrer un centre de formation à Abidjan (à environ 500 kilomètres de chez lui) en 1998 (il avait quatorze ans). Nous étions 105 et je vivais avec un ami dans une chambre d’un quartier populaire. J’étais tellement heureux de concrétiser mon rêve, mais un problème budgétaire a obligé les dirigeants à fermer le centre. Chacun a dû se débrouiller. Je suis resté à Abidjan, j’allais jouer sur des terrains de quartier et j’ai intégré un petit centre : le Volcan FC (2001-2002). Puis d’autres clubs plus connus de D 1.

« Je faisais cabine téléphonique»

Mais je ne gagnais pas d’argent, je vendais des trucs pour survivre, du pain, des cigarettes au feu rouge, je faisais « cabine téléphonique » (prêter des téléphones aux gens pour appeler). J’avais moins d’un euro par jour… Parfois, je passais deux jours sans manger. Le père ne vivait plus (il est mort en 2004 ), la mère n’avait qu’une petite pension donc je ne pouvais rien lui demander. Je devais me débrouiller seul. J’habitais même une chambre avec un toit inachevé… Quand il pleuvait, il fallait que je rentre mes affaires. Quand je m’entraînais, je pensais à mon matelas et à mes deux ou trois vêtements que je possédais qui allaient être mouillés en rentrant… Mais j’en voulais tellement… »

« Kram a finalement voulu me faire revenir en D 2, mais je devais signer un papier pour expliquer que le club ne me devait plus rien. “Tu n’auras pas de salaire, mais tu auras un logement et de la nourriture.’’ Je me suis dit : “Vu ta situation, rejeté comme ça, vas-y et tu montreras ce que tu vaux.’’ Je n’avais pas le choix, mais ça s’est mal passé et j’ai résilié très vite. J’ai vécu alors dans une maison « bizarre » où il y avait des Ivoiriens. Quand j’étais arrivé, la première fois en Tunisie, j’avais rencontré ces compatriotes démunis et, avec mon salaire, je leur avais donné du savon, des sacs de riz, etc. Je suis allé les revoir. C’était devenu mon abri. Un entraîneur m’a alors parlé d’un contrat en Libye. Je n’avais pas le visa, mais le gars m’a dit qu’il n’y aurait pas de souci. Arrivé à Tripoli, j’ai été rapatrié illico à la douane et je me suis retrouvé le seul passager dans l’avion du retour !
«Je m’entraînais le matin et je faisais parfois la plonge le soir dans des restos. Je suis resté en Tunisie dans la misère totale, je ne mangeais parfois pas de la journée, je pleurais tout seul, je pensais à ma mère, à mon père… Je m’entraînais le matin et je faisais parfois la plonge le soir dans des restos pour avoir un peu de “pièces”. »

« J’avais conservé un contact avec un monsieur qui m’a assuré avoir un essai pour moi à Sétif (D 1), en Algérie. J’y suis allé en taxi, il faisait froid, c’était en décembre (2007)… Ce jour-là, le directeur sportif m’a parlé : “C’est toi qui viens pour le test ? On n’a pas besoin de toi ! On va te mettre avec les gamins au centre. Puis je vais te payer ton taxi pour repartir.’’ Le lendemain, je m’entraîne quand même avec les remplaçants et les jeunes. Et j’ai tout cassé !
J’ai vu le directeur sportif qui appelait le président au téléphone sur le bord de la touche pour lui dire de venir me voir… Ils ont voulu discuter. Un dirigeant est venu : “Vous, les Blacks, vous vous montrez au début et après on ne vous voit plus ! Alors je te donne six mois de contrat et on verra.’’ J’ai été replacé milieu défensif et je change tout dans l’équipe. Les supporters inventent même une chanson en mon nom ! »

« Sion est alors venu superviser un joueur de Sétif, mais opte pour moi ! Je signe en 2008, j’ai vingt-quatre ans ! Ensuite, j’ai franchi tous les échelons, Bâle, Stuttgart, CAN, Coupe du monde… C’est pour tout ça que j’ai pleuré pendant les hymnes lors de la Coupe du monde 2014, je me retrouvais à côté de Drogba, Yaya, Zokora… Ces gens que je voyais à la télévision… Tous mes sacrifices sont revenus en mémoire. C’est cette vie qui m’a donné mon énergie. Rien ne m’a été donné gratuitement, je ne suis pas milliardaire, mais je n’envie personne. Quand je suis sur le terrain, je pense à tout ce que j’ai enduré…

J’ai pardonné à mes frères et peut-être que s’ils n’avaient pas été aussi méchants avec moi, je ne me serais pas autant battu. Dieu m’a donné cette force d’avoir ce que j’ai. Et ma mère ne regrette pas de m’avoir accouché. Elle a mis un homme au monde. Je suis fier de ça, je lui ai construit sa maison, dans son village. J’ai même fait une fête qui réunissait les dix villages avoisinants : elle était fière. Moi aussi. J’ai rendu ma maman heureuse, je peux mourir aujourd’hui. Je suis un homme heureux. » « 

Publicité
Djiby SENE

Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.

Recent Posts

Décès de Babacar Louis Camara, le premier Sénégalais à inscrire un but en phase finale de la CAN

Décès de : Le football sénégalais perd une icône Le Sénégal est en deuil. Babacar…

1 heure ago

Avis : l’Agence SEN-CS recrute 94 techniciens supérieurs en informatique

Dans le cadre de sa stratégie de digitalisation et de mise en œuvre du Système…

17 heures ago

Kolda : un jeune révolutionne le travail agricole avec une machine batteuse d’arachides

Après avoir achevé sa formation professionnelle au centre de formation de Kolda, un jeune talentueux…

19 heures ago

Avis : Le Port de Ndayane recrute massivement pour son projet d’expansion Ndayane

Le projet du Port de Ndayane, un chantier majeur pour le développement économique de la…

22 heures ago

Augmentation des primes de garde : Les internes et médecins en spécialisation bientôt mieux rémunérés

Dans une circulaire adressée aux directeurs d’hôpitaux, le ministre de la Santé, Dr Ibrahima Sy,…

23 heures ago

Avis : l’Agence SEN-CSU recrute de 345 prestataires agents pour ses bureaux CMU

I. Contexte et justification Le Gouvernement du Sénégal a lancé depuis le 20 septembre 2013…

23 heures ago
Publicité