O combien il m’a été difficile de te répondre. Il a fallu des nuits pour lire ta lettre dans ses « blancs » mais surtout dans ses « silences ». Comprends par là toute l’influence de ce poète qui a réussi, dés son premier livre, à faire du silence « le prolongement de la parole » pour reprendre tes propres mots. Nul besoin de le citer, silence vaut accord.
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Ta lettre et l’intitulé de mon émission partagent le même qualificatif. Ils parlent plus à l’oreille. Un paradoxe ? Loin de là. L’écriture n’a point de cible, elle s’adresse à tous les sens. Que nos yeux sachent raison garder !
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Merci d’abord, frère d’esprit, de me dévoiler le cadenas à secret d’où était jalousement gardé l’art de bien écrire. Je l’ai longtemps cherché dans les livres, et pourtant, ce secret était entre les mains d’une personne que j’ai côtoyée, dans le silence, pendant trois années comme tu l’as si bien mentionné. Il fallait juste déterrer les « fagots de souvenir ». Raison pour laquelle, après réception de ta lettre, j’ai décidé désormais de prendre très tard le train de Morphée. Ou sinon, ne plus le prendre. Et s’il veut m’emporter par la force, rassurez- vous, ce sera contre mon gré. A mort Morphée!
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L’attention et l’admiration que tu portes à cette émission m’émeuvent. Et je suis loin d’exprimer tout mon bonheur et toute ma belle surprise après que tu me l’aies fait savoir personnellement, mais surtout publiquement. « Pages sonores, une émission qui honore » baptise si bien cette émission peu de temps après son premier enregistrement. Vraiment, la gueule de ce nouveau bébé ne me revient pas.
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Tu m’as demandé de te parler sur la révélation de cette émission, c’est ce que je vais faire. Mais, j’ai vraiment peur d’enfoncer une porte déjà ouverte tellement nous partageons les mêmes désirs, les mêmes critiques, dés lors le même combat dans les rapports entre le journalisme et la littérature.
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Il est impossible de ne pas avoir une passion pour les livres si on a fait ses humanités dans le département de Lettres Modernes à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Te rappelles-tu des longues tirades du Professeur Diané à l’amphi UCAD 2 où nous n’avions d’autre choix que d’entrebâiller notre bouche afin de suspendre notre tête le plus haut possible pour mieux capter ses discours sur la littérature qui étaient loin de voler en rase-mottes ? Te souviens-tu des cours de cette étrange grammaire que l’on qualifie d’historique et qui nous obligeaient à voyager dans les siècles et des siècles pour être le témoin de la naissance de chaque mot ? Ou du temps où nous jouions, contre notre gré, au « samori moriba » ou cache-cache avec ce fameux et étrange personnage, comme son nom, Douve qui était partout et nulle part ? Comment oublier cette belle initiation à la littérature orale qui nous était si loin, mais grâce à la pédagogie du FEU PROFESSEUR BASSIROU DIENG, si proche ? O temps ! Reprends ton vol !
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Longtemps bercé dans la culture et l’amour du livre qui constituent notre univers, il n’a jamais été question pour moi de couper le cordon ombilical qui me lie à la littérature même si, aujourd’hui, le journalisme est mon nouveau monde. De surcroit, qui ose dire que le journalisme et la littérature sont dos à dos?
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Le premier peut bien supporter la seconde. Mais, vu tes ennuis que tu éprouves quand tu écoutes, regardes ou lis notre presse, j’espère que tu n’as pas allumé une torche en milieu de journée dans ton « Auvergne » ou ton « Alsace » pour chercher ce journaliste.
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Aujourd’hui, il faut le dire, le journalisme peine à mettre la littérature sur son dos. Et pour empêcher que cela ne se transforme en une énorme bosse, il faut bien avoir des journalistes aussi imprégnés que passionnés de la culture livresque pour jouer le rôle de pont. Cette posture, je ne la décrète guère. Je compte l’acquérir. PARCE QUE…SANS IMPRESSIONS… JEUNESSE S’IMPOSE !
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PAGES SONORES se relaie à ces lecteurs qui ne lisent pas leurs livres, mais qui conversent avec leurs livres. Car, comme je l’ai bien dit dés le début de cette émission, « ici l’écriture c’est à l’oral et la plume c’est aussi la voix ».
PAGES SONORES ce sont des échanges sur les expériences livresques des auteurs qui ont une vision par et dans les mots. C’est aussi une occasion de mettre en valeur des jeunes écrivains dont leurs talents littéraires échappent souvent aux médias, sauf s’ils envisagent de les ranger aux oubliettes.
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PAGES SONORES est à mille lieux des débats politiques qui font plus de bruit que d’effets et qui inondent, comme une tempête d’indignation, nos médias.
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PAGES SONORES est aussi loin des émissions qui sont centrées moins sur les idées que sur les personnes, rabaissant de ce fait les discussions dans les médias à leur niveau le plus bas.
Alors, les passionnés du livre, les amoureux de la lecture et les férus de l’écriture, sortons de cette « angoisse atroce, despotique » qui « plante », sur notre « crâne », « un drapeau noir » pour parler comme Charles Baudelaire. PAGES SONORES est donc prêt à vous embarquer afin de vous transporter dans un univers qui est le vôtre : le livre, la lecture et l’écriture.
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Frère, est-ce toi que je vois devant, bien assis sur ton siège, occupé toujours à lire Alfred de Musset ? Ne répons pas. Bon voyage.
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A très bientôt, Papa Alioune Sarr.
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