Après la Fao, le Programme alimentaire mondiale (Pam) confirme que la pandémie de Covid-19 risque d’aggraver le sort de populations souffrant de faim en Afrique de l’Ouest et du Centre. Une situation déjà en forte augmentation en 2019, et qui pourraient doubler en 2020 à cause du nouveau coronavirus. Le Pam est revenu en détails sur le cas du Sénégal.
Le Pam estime que le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire dans la région pourrait atteindre 57,6 millions d’ici la fin de l’année – contre 36 millions avant le début de la pandémie de Covid-19. « Les défis socio-économiques résultant des mesures instituées pour contenir la propagation de Covid-19 ont un impact important sur la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre », a déclaré Elisabeth Byrs, son porte-parole lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.
23 millions des personnes touchées se trouvent au Nigéria – le pays le plus peuplé d’Afrique. Près de 10 % des personnes concernées sont recensées au Niger et environ 5 % au Burkina Faso, au Tchad, au Cameroun, en République centrafricaine, au Mali et au Sénégal. La plupart des « nouveaux affamés » de la région sont des « citadins pauvres, qui vivent au jour le jour », a précisé Mme Byrs.
La pandémie de Covid-19 frappe la région en pleine période de soudure, « lorsque la faim et la malnutrition empire ». Même bien avant la pandémie, le Pam estimait que 21,1 millions de personnes avaient du mal à satisfaire leurs besoins alimentaires pendant cette période allant de juin à août.
Pourquoi le Sénégal inquiète
Le Pam et l’Unicef estiment que plus de 11 millions d’enfants souffriront de malnutrition aiguë en Afrique de l’Ouest et centrale en 2020 en raison de l’impact du coronavirus, soit une augmentation de 18 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie. Avant l’arrivée de la Covid-19, le Pam prévoyait que 4,5 millions d’enfants souffriraient de malnutrition aiguë en 2020 dans six pays sahéliens : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Aujourd’hui, avec l’insécurité croissante et la pandémie qui touche la région, ce nombre est passé à près de 5,4 millions d’enfants, selon l’Unicef et le Pam. La fermeture des frontières et la suspension des marchés hebdomadaires et à ciel ouvert dans les pays de la région ont entraîné une réduction du commerce régional et empêché les agriculteurs de vendre leurs produits. Ce qui a parfois conduit à une pénurie alimentaire localisée et à une augmentation des prix.
Au Sénégal, une évaluation des marchés menée dans tout le pays par le Pam et le Conseil national de sécurité alimentaire (Csa) en avril 2020 a montré une augmentation significative des prix par rapport à la moyenne des cinq dernières années. C’est le cas des denrées alimentaires essentielles comme le riz dont le prix a augmenté de 14 %, l’arachide qui coûte désormais 20 % plus cher et le mil (+41%). « En outre, de nombreux agriculteurs ne sont pas en mesure de cultiver ou de vendre leurs récoltes et on constate une pénurie de main-d’œuvre agricole et une réduction de l’accès des agriculteurs aux intrants », a relevé Mme Byrs. Aussi, le Pam est prêt à couvrir les besoins de 28.000 élèves inscrits dans 135 écoles des zones rurales sénégalaises en remplacement de l’alimentation scolaire. Le Plan d’urgence pour la sécurité alimentaire (Pisa) – préparé par le gouvernement pour une réponse nationale à la période de soudure – vise environ 4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Pour répondre aux besoins des communautés vulnérables et contribuer au Pusa, le Pam prévoit d’aider 73.000 bénéficiaires.
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