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🔴CAN : les stades ne sont toujours pas terminés et les équipes protestent contre les mesures de sécurité

Les Camerounais sont enthousiastes et attendent dĂ©sespĂ©rĂ©ment que Covid n’entame pas leur moral Ă  l’approche de la CAN… mais tout n’est pas rose : les stades ne sont toujours pas achevĂ©s et les Ă©quipes protestent contre les mesures de sĂ©curité…

Les projecteurs sont sur le point de se braquer sur la 33e Ă©dition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).

Le bruit assourdissant des vuvuzelas accompagne les dernières heures prĂ©cĂ©dant le coup d’envoi. Les Camerounais en jouent et les agitent partout dans les rues de YaoundĂ©.

Les vuvuzelas sont colorées en vert, rouge et jaune comme les centaines de drapeaux du pays de différentes tailles qui flottent dans la ville.

Cinquante ans plus tard, il est temps de nous rĂ©introduire dans le monde », a tweetĂ© Samuel Eto’o, le nouveau prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration camerounaise de football, qui a contribuĂ© Ă  ce que la coupe ne soit pas Ă  nouveau reportĂ©e au moment oĂą la pression des clubs europĂ©ens, rĂ©ticents Ă  libĂ©rer leurs joueurs africains, Ă©tait maximale.

De nombreux locaux ont dĂ©clarĂ© que la CAN est leur fĂŞte bisannuelle et qu’ils veulent en profiter comme les EuropĂ©ens et les Sud-AmĂ©ricains l’ont fait l’annĂ©e dernière pour leurs tournois continentaux respectifs. Le Cameroun est prĂŞt », ont-ils ajoutĂ©. Mais l’enthousiasme dont ils font preuve ne correspond pas exactement Ă  la rĂ©alitĂ© de la situation.

Samedi, au stade d’Olembe, qui accueillera le match d’ouverture entre le Cameroun et le Burkina Faso, de nombreux ouvriers travaillaient encore pour achever les prĂ©paratifs.

Certains, apparemment Ă©puisĂ©s, dormaient Ă  l’ombre, couchĂ©s Ă  mĂŞme le sol sur de minces cartons Ă  l’extĂ©rieur du stade. MĂŞme le centre des mĂ©dias n’Ă©tait pas encore opĂ©rationnel, mais le problème liĂ© aux tests Covid-19 semble plus prĂ©occupant. Avant mĂŞme de commencer, le premier cas de tests non fiables a dĂ©jĂ  Ă©clatĂ©.

La fĂ©dĂ©ration burkinabĂ© a envoyĂ© une lettre de protestation au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CAF, Veron Mosengo-Omba, dans laquelle elle a retracĂ© la procĂ©dure de tests effectuĂ©e la veille vers 22 heures par une Ă©quipe mĂ©dicale qui n’a prĂ©sentĂ© aucun document d’identification.

Les tests ont rĂ©vĂ©lĂ© la positivitĂ© Ă  Covid-19 de cinq des joueurs et de quatre membres du personnel. La dĂ©lĂ©gation burkinabĂ© avait dĂ©jĂ  rejetĂ© une autre Ă©quipe mĂ©dicale qui n’aurait pas Ă©tĂ© autorisĂ©e, et a exigĂ© que les tests soient refaits dans un laboratoire indĂ©pendant en prĂ©sence de leurs mĂ©decins et sous la supervision de la CAF.

Samedi, le ministre des Sports du Burkina Faso a mĂŞme menacĂ© de boycotter le match d’ouverture si la CAF ne faisait pas la lumière sur cette affaire. La CAF avait annoncĂ© le 16 dĂ©cembre qu’elle aurait fait appel Ă  un laboratoire indĂ©pendant et internationalement reconnu pour tester les joueurs de l’Ă©quipe nationale et leurs dĂ©lĂ©gations, « en vue d’assurer l’objectivitĂ© et la neutralitĂ© ainsi que la confiance de toutes les parties ».

La réponse envoyée quelques heures plus tard par la confédération africaine de football au Burkina Faso reprend cette annonce et précise que le jury disciplinaire de la CAF a jugé que « les tests sont valides et ne peuvent être contestés ».

Très peu d’Ă©quipes nationales semblent avoir Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©es par le Covid-19. Certaines d’entre elles ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©es et, bien que les effectifs aient Ă©tĂ© Ă©largis Ă  vingt-huit joueurs, certains entraĂ®neurs Ă©tudient dĂ©jĂ  des compositions alternatives pour pallier les importantes dĂ©fections de dernière minute.

On pense notamment Ă  ceux du gardien de Chelsea Edouard Mendy et de l’attaquant d’Arsenal Pierre-Emerick Aubameyang.

Après avoir mené la protestation des joueurs gabonais pour demander à leur fédération des prix plus importants lors de leur stage de préparation à Dubaï, il a été contrôlé positif à son arrivée au Cameroun et manquera le premier match contre les Comores.

MĂŞme si la pandĂ©mie bouleverse les plans de nombreuses Ă©quipes nationales, et pourrait reprĂ©senter le joker du tournoi, elle n’arrĂŞtera pas la fĂŞte que les Camerounais prĂ©parent depuis 2014, lorsque la CAF dirigĂ©e par Issa Hayatou a attribuĂ© au pays les droits d’organisation.

C’est la deuxième fois que le Cameroun accueille le tournoi. La première fois, c’Ă©tait il y a cinquante ans. En 1972, le tournoi Ă©tait censĂ© servir d’Ă©vĂ©nement de promotion pour la naissance imminente de la RĂ©publique unie du Cameroun gouvernĂ©e par Ahmadou Ahidjo, l’ancien prĂ©sident Ă  qui l’un des deux stades de YaoundĂ© doit son nom.

L’autre stade, Olembe, porte le nom de Paul Biya, l’actuel prĂ©sident et Premier ministre Ă  l’Ă©poque d’Ahidjo. Biya, dĂ©crit par un chauffeur de taxi comme le premier fan de football du pays, apparaĂ®t sur la plupart des panneaux d’affichage de la CAN accrochĂ©s dans la ville.

Il souhaitait vivement que la compĂ©tition revienne dans son pays natal. Les militants des droits de l’homme et les groupes sĂ©paratistes d’Ambazonia (un État indĂ©pendant autoproclamĂ© qui rassemble les deux rĂ©gions anglophones de l’ouest du Cameroun) affirment que l’AFCON servira d’arme de distraction massive pour donner une image positive du pays et ne pas faire la lumière sur le conflit entre les rĂ©gions anglophones et le gouvernement central, qui s’est Ă  nouveau intensifiĂ© en 2017.

L’un des six sites du tournoi, Limbe, est situĂ© sur la cĂ´te de la rĂ©gion du Sud-Ouest, oĂą certains groupes sĂ©paratistes ont menacĂ© d’attaquer les Ă©quipes nationales qui sont hĂ©bergĂ©es dans la rĂ©gion.

Douze ans après l’attaque de l’Ă©quipe nationale du Togo Ă  Cabinda, une rĂ©gion sĂ©paratiste de l’Angola, Ă  la veille de l’Ă©dition 2010, cette situation est prĂ©occupante, mais les autoritĂ©s camerounaises ont assurĂ© que les Ă©quipes nationales qui y jouent ne courront aucun danger.

Les affrontements entre bergers et agriculteurs qui ont rĂ©cemment Ă©clatĂ© dans l’extrĂŞme nord du Cameroun, Ă  proximitĂ© du lac Tchad de plus en plus assĂ©chĂ©, ne semblent pas non plus inquiĂ©ter.

La raretĂ© de l’eau a causĂ© des morts et dĂ©placĂ© des milliers de personnes. La ville hĂ´te la plus septentrionale, Garoua, se trouve Ă  plus de cinq cents kilomètres, et est hors de portĂ©e des groupes terroristes qui ciblent la rĂ©gion, tels que Boko Haram et l’État islamique de la province d’Afrique de l’Ouest (EIASO).

Les maisons oĂą Djamel Belmadi et Aliou CissĂ© ont grandi sont beaucoup moins Ă©loignĂ©es. Les entraĂ®neurs de l’AlgĂ©rie et du SĂ©nĂ©gal, qui se sont affrontĂ©s en finale en 2019, sont tous deux liĂ©s Ă  la ville française de Champigny-sur-Mer et dirigent les deux Ă©quipes favorites. L’AlgĂ©rie est probablement l’Ă©quipe Ă  battre des deux.

Si l’on considère la Coupe arabe remportĂ©e en dĂ©cembre, l’Ă©quipe nord-africaine est invaincue en quarante matches officiels et est un candidat sĂ©rieux pour rĂ©itĂ©rer son triomphe de 2019. Il y a trois Ă©quipes nationales qui ont pu remporter deux ou plusieurs Coupes d’Afrique consĂ©cutives : le Ghana (1963 et 1965), le Cameroun (2000 et 2002) et l’Égypte (1957 et 1959, puis Ă  nouveau 2006, 2008 et 2010).

LĂ©gèrement en retrait dans les hiĂ©rarchies de l’Ă©dition 2021, on retrouve le Maroc, le pays hĂ´te du Cameroun et toutes les autres Ă©quipes les plus renommĂ©es comme le Nigeria, la Tunisie et les susdits Ghana et Égypte.

Belmadi et CissĂ© sont Ă©galement en première ligne dans les rangs des entraĂ®neurs africains qui montent enfin sur la scène du principal spectacle continental. En Egypte, il y avait treize entraĂ®neurs sans lien avec l’Afrique – douze EuropĂ©ens et le Mexicain Javier Aguirre. Cette annĂ©e, quinze des vingt-quatre Ă©quipes nationales qualifiĂ©es ont fait appel, par choix ou par nĂ©cessitĂ©, Ă  des entraĂ®neurs locaux ou d’origine africaine.

Elles pourront aligner toutes les grandes stars africaines qui ont acquis un rĂ´le de plus en plus central dans le football mondial et qui ont indirectement provoquĂ© l’affrontement avec les clubs europĂ©ens, notamment anglais.

Mais la CAN est aussi une vitrine pour de nombreux joueurs qui Ă©voluent dans les divisions europĂ©ennes mineures – six sont rĂ©parties dans les cinquièmes divisions d’Angleterre, d’Espagne, de Suisse et de France – et ceux qui ont dĂ©veloppĂ© leur carrière en Afrique.

Quel que soit le niveau de la ligue dans laquelle ils jouent, la CAN est une vitrine pour tous les joueurs africains et les gens se réunissent tous les deux ans pour célébrer le continent.

C’est pourquoi ils appuieront tous fortement sur l’interrupteur, afin que le projecteur qui illuminera le football africain pendant un mois atteigne le monde entier.

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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