Si Mohamed Salah assure son héritage national avec un trophée de la CAN et un autre voyage à la Coupe du monde, il pourrait laisser derrière lui le stress de servir son pays.
Les matches de l’Égypte sont une source de stress pour tous ceux qui y ont intérêt. Les fans de Liverpool sont partagés entre la fierté de voir Mohamed Salah s’épanouir sur la scène mondiale lors de la CAN 2022, et la crainte qu’une blessure ou la fatigue ne le mette hors jeu à un moment crucial de la saison de Liverpool. Et ce, avant de parler du football lui-même.
Cette équipe d’Égypte n’a pas été aussi bonne que prévu, même si elle s’est qualifiée pour la demi-finale, contre le Cameroun. Salah a marqué ou assisté trois de leurs quatre buts jusqu’à présent, et semble passer la majorité de chaque match avec chaque tendon tendu – la frustration gravée sur son visage alors que ses coéquipiers luttent pour lui donner le ballon, ou l’utiliser eux-mêmes.
Tout cela était évident lors d’une savoureuse victoire en quart de finale contre le Maroc, qui est allée jusqu’à la prolongation. Il y a eu de nombreux points chauds sur le terrain, puis d’autres à la fin du match, dont certains se sont prolongés dans le tunnel. Même lors des interviews d’après-match, les deux managers se sont lancés des piques. En tant que capitaine, Salah a joué le rôle de pacificateur, entraînant avec exaspération ses coéquipiers pour qu’ils se concentrent sur le jeu en cours ou sur la victoire acquise.
Car malgré tout cela, ils sont toujours dans le coup, ils sont toujours en route pour une finale Mohamed Salah vs Sadio Mané – une perspective qui ajoute une couche supplémentaire de fierté et de stress sur les épaules de Liverpool. Pour les diffuseurs du monde entier, c’est la finale rêvée. Pour les protagonistes, c’est aussi un délicieux aperçu d’une autre grande bataille à l’horizon.
Le tirage au sort des éliminatoires de la Coupe du monde africaine a eu lieu pendant le tournoi, et il y a donc eu quelques messages échangés sur WhatsApp, alors que les deux amis (parce qu’ils SONT des amis, Guy Mowbray) se battront en mars pour se priver du rêve de ce qui pourrait être leur dernière Coupe du monde. Tous deux auront 34 ans d’ici la prochaine, sans aucune garantie d’être en forme.
Avec ces deux grandes montagnes à gravir en 2022, si Salah atteint les deux sommets, il pourrait décider que c’est le moment idéal pour arrêter de représenter l’Égypte. Quelque chose qui est toujours une source de grande fierté, mais aussi beaucoup de stress et d’insatisfaction.
La dernière Coupe du monde a été un désastre pour Salah. Tout juste remis d’une luxation de l’épaule lors de la finale de la Ligue des champions 2018, les deux buts de Salah en deux matchs ont été le seul moment où les fans égyptiens ont pu applaudir, mais ils n’ont pas suffi à les sauver de trois défaites et du pied du groupe A.
En dehors du terrain, la situation était pire. À chaque étape de leur parcours, ils se sont heurtés à un obstacle supplémentaire, qu’ils se sont eux-mêmes infligés. Un camp d’entraînement pré-tournoi en Tchétchénie s’est transformé en une opération de relations publiques peu édifiante, puisque le leader tchétchène Ramzan Kadyrov – un homme accusé de torture – a été amené pour de multiples séances de photos avec un Salah déconcerté. L’avion qui les a emmenés en Russie comportait une image de Salah qui contrevenait à son propre accord avec un sponsor rival. Et une fois que le tournoi a commencé, la politique de la porte ouverte a été appliquée à tous ceux qui, en raison de leur pouvoir et de leur statut, souhaitaient discuter avec leur compatriote superstar, à un moment où son attention et son énergie étaient uniquement dirigées vers le terrain.
Il y a eu des rumeurs selon lesquelles il aurait pu envisager de quitter le club à ce moment-là, mais sa fierté et sa détermination à offrir quelque chose de concret à son pays restent plus fortes que jamais. Salah est conscient que l’Égypte n’a jamais eu un joueur aussi bon, bien qu’elle soit la force dominante de la CAN depuis sa création, avec sept victoires. Le meilleur joueur du monde ne voudra pas terminer sa carrière sans ajouter à cet héritage.
Remporter ce tournoi, puis se qualifier pour la Coupe du monde au Qatar en novembre et y faire une bonne prestation, serait un aboutissement parfait pour un joueur de son calibre. Cela le mettrait également en position idéale pour décrocher le Ballon d’Or. La victoire de Lionel Messi en Copa América semblait être la différence entre la victoire et la défaite en 2021, compte tenu du rendement dérisoire de l’Argentin, qui a marqué un but en 892 minutes en Ligue 1 cette saison. Avec la forme foudroyante de Salah qui ne montre aucun signe de ralentissement, et Liverpool qui a toujours une chance de remporter quatre trophées cette saison, toutes les objections deviendraient sûrement obsolètes.
Il y a d’autres avantages à quitter le football international après 2022. Salah est conscient du bruit qui a couru lors des récentes négociations de son contrat à propos de son âge, et des pièges qu’il y a à accorder de gros contrats à des joueurs à l’aube de leurs 30 ans, comme l’ont montré récemment les déboires d’Eden Hazard et d’Antoine Griezmann, pour ne citer qu’eux. Malgré la nervosité du retard, il semble toujours que FSG finira par acquiescer, et que Salah signera un nouveau contrat très lucratif. À ce moment-là, la pression pour le mériter s’intensifierait, même pour un homme qui a déjà tant accompli.
En ce qui concerne Salah, il considérera peut-être que deux exemples plus pertinents sont ceux de Jamie Vardy et d’Alan Shearer – deux joueurs qui ont pris une retraite anticipée de leurs obligations internationales afin de rester frais pour les batailles de club. En se classant respectivement premier et troisième pour le plus grand nombre de buts en Premier League après l’âge de 30 ans, les deux hommes ont réussi, et pour l’Égyptien, cela devient simplement un record de plus à battre.
Un homme avec son niveau de dynamisme et d’ambition cherchera toujours de nouvelles montagnes à conquérir. Cela pourrait être bénéfique pour Liverpool si, d’ici la fin de l’année 2022, les seuls sommets qui restent sont ceux à gravir sous le maillot rouge.
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