Voir ce qu’est devenu Samba Fall donne une idée de l’abnégation avec laquelle il a bossé pour être aujourd’hui une personne respectée et respectable. Définir son mystère c’est tout simplement montrer qu’on peut réussir dans tout ce que l’on fait, à la condition d’y croire. C’est bien d’étudier, d’avoir des diplômes mais quand cet apprentissage n’est pas adossé à une employabilité, c’est une perte de temps. Et bonjour le chômage, à moins de prendre son courage à deux mains pour se reconvertir dans des métiers dits dévalorisants. Ce qu’a fait Samba Fall.
Au populeux et célèbre marché de Thiaroye, on l’appelle « Fall kani ». En moins de trois ans de présence sur les lieux — puisqu’il a débuté la vente de piments entre 2017 et 2018 —, Samba Fall a réussi à se faire un nom. de partout devant sa table couverte de ce précieux légume, les « Fall kani » résonnent sortant de la bouche de clients traditionnels, mais aussi de celle de collègues marchands qui vendent d’autres produits. Le soleil brulant n’est pas un handicap pour le garçon qui s’échine à attires les acheteurs vers sa table de fortune. Très tôt le matin, il se ravitaille au « Parc kani » sis sur le marché même. Il cherche les meilleurs piments qu’il se charge de nettoyer à nouveau avant de les placer sur sa table située à quelques encablures, justement, du « Parc kani ». « Je gagne bien ma vie » consent-il tout juste à dire lorsqu’il est apostrophé sur son chiffre d’affaires. « J’ai commencé la vente de piment en 2017-2018 juste après le Master II parce que je n’avais pas pu obtenir un boulot et que cela était très difficile pour moi. J’ai compris après l’obtention de mes diplômes universitaires que pour réussir dans la vie, on ne doit attendre rien de personne, ni même de l’Etat », confie Samba Fall.
En effet, poursuit-il, « si j’avais croisé les bras pour attendre l’Etat, peut-être qu’aujourd’hui je serais au village à ne rien faire, mais Dieu merci, grâce à la vente de piments, je gagne bien ma vie. Ce n’est pas facile pour moi, mais je suis un homme et un homme digne ne doit attendre rien de personne ». Le décor est campé en ce début de semaine. Le marché Thiaroye grouillant de monde est balayé par de légers vents annonçant un changement de climat doux après un été particulièrement chaud. Samba Fall est debout. Tenue légère, il marmonne des slogans, un mélange de wolof et sérère pour développer un courant de sympathie autour de lui surtout pour attirer une nouvelle clientèle.
Teint noir, cheveux à la forme afro comme pour dire que le jeune homme essaie de se faire pousser des rastas comme les « Baye Fall », l’homme est disciple de Serigne Touba. Son 1,80 mètre lui donne une corpulence d’athlète et lui fait dégager une apparence d’homme de charme. il fait partie de ces rares étudiants qui ont très vite compris que certaines filières ne mènent à rien dans un pays comme le nôtre et qu’il vaut mieux faire une formation professionnelle pour espérer trouver du travail. Samba Fall a fait ses études élémentaires et secondaires dans son village natal de Bocco Dior, avant d’aller à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2011.
Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, il parviendra cependant à obtenir deux masters. Un Master 2 en Agriculture et Développement rural obtenu à la Faculté des sciences et techniques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et un master à l’institut Confucius. Il pensait alors qu’avec ces deux masters en poche, un avenir radieux lui était balisé parce que, comme nombre de jeunes de son âge, on leur a fait toujours croire que les études sont le passage obligé pour un avenir radieux. Ce qui, selon lui, constitue une fausse représentation de la valeur des études à notre époque.
Réussir dans les études n’est pas synonyme d’une brillante carrière professionnelle
Deux masters ne lui ont pas permis de trouver du travail. Il vit difficilement une telle situation surtout qu’en débarquant à Dakar et en se sacrifiant jour et nuit dans les études, il rêvait surtout d’un bon parcours professionnel. Surtout, il voulait s’afficher comme une fierté pour son village et ses parents.
Hélas, les fruits du travail n’ont pas la promesse des fleurs de brillantes études. Juste après les deux masters, Samba Fall vivra à Dakar des moments de chômage difficiles. il s’oriente alors vers le business de la vente de piment. un tel saut s’explique par le fait que Samba Fall est issu de parents pauvres vivant dans la région de Fatick. « La vente de piment n’est pas un choix de cœur pour moi, c’est un business parce que j’ai soutenu mon master 2 depuis 2018 et je peinais à trouver un boulot, raison pour laquelle je me suis retiré pour me concentrer dans la vente de piment afin de subvenir à mes besoins », confie Samba Fall.
Cet originaire du village de Bocco Dior, marié il y a juste une année, se souvient de cet épisode douloureux de sa vie. « Quand j’ai terminé les études, je me suis trouvé confronté à un problème d’emploi parce qu’on avait fait notre master à la Fastef. Nous avons un master pour enseigner et on était prêt à servir mais depuis rien. Le gouvernement nous avait promis une insertion dans la fonction enseignante après notre formation à la Fastef, mais depuis on attend encore ces promesses. Malgré nos nombreuses grèves, nous n’avons pas pu obtenir un recrutement dans la fonction publique ou dans le privé », témoigne avec tristesse Samba Fall.
A en croire ce jeune vendeur de piment, lui et ses camarades avaient levé leur mot d’ordre de grève pour retourner dans les classes espérant qu’ils allaient avoir gain de cause suite aux nombreuses promesses qui leur avaient été faites par les innombrables médiateurs. « Ils nous avaient demandé de lever le mot d’ordre, de retourner dans les classes mais hélas rien de tout ce qu’ils nous avaient promis n’a été fait », se désole-t-il encore. Poursuivant, l’originaire de Bocco Dior regrette le fait d’avoir fait de longues études parce que, pour lui, c’est ce qui l’a le plus retardé dans sa vie. Pour cause, il a obtenu des diplômes qui ne lui ont jamais servi à rien. « Je dirais qu’aujourd’hui, j’ai perdu mon temps à l’école et comme l’a dit Youssou Ndour dans l’une de ses chansons « si je pouvais retourner pour être un bébé, je ne ferais pas l’école », rappelle Samba Fall.
Pour terminer, le jeune vendeur de piment martèle qu’on ne doit pas tout attendre de l’Etat. « Nous sommes des soutiens de familles, donc nous ne pouvons pas rester les bras croisés en attendant on ne sait trop quoi. J’ai une femme, donc il faut que je travaille pour subvenir à ses besoins, de même que ceux mes parents. C’est surtout à cause de cela que je me suis retiré des bancs pour pouvoir les aider, ce n’est pas mon choix mais je suis obligé », ajoute le jeune Samba Fall alias « Fall kani ».
Le Témoin
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