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🔴Aminata Sow Fall, une des pionnières de la littérature francophone

Je crois en la force de la femme, en sa sagesse, ses talents, son intuition et sa capacité de savoir ce qui se passe dans le monde, mais je ne me suis pas inscrite comme militante féministe, je ne suis pas militante féministe.

Aminata Sow Fall, une autrice sénégalaise, est née à Saint-Louis en 1941. Pour ses études supérieures, elle est allée en France pour faire une licence de lettres modernes à la Sorbonne. Aminata Sow Fall avait une éducation qui lui permet de promouvoir le pourvoir de la femme : « J’ai été éduquée dans l’idée que nous (femmes) étions capables et que la femme peut faire ce que l’homme peut faire. Je l’ai toujours dit, ce qui porte la femme est son intuition miraculeuse, parce qu’elle sent les choses, le monde, elle adhère aux choses et à l’état du monde avec une sérénité remarquable »1.

Après son mariage en 1963, elle est rentrée au Sénégal pour enseigner. Parmi ses nombreuses réalisations, elle a travaillé dans le cadre de la Commission Nationale de Réforme de l’Enseignement du Français. Elle était directrice des Lettres et de la Propriété intellectuelle au ministère de la Culture et directrice du Centre d’Études et de Civilisations de 1979 à 1988. Elle est aussi la fondatrice de la maison d’édition Khoudia, du Centre Africain d’Animation et d’Échanges Culturels (CAEC), du Bureau Africain pour la Défense des Libertés de l’Écrivain (BADLE) à Dakar, et du Centre International d’Études, de Recherches et de Réactivation sur la Littérature, les Arts et la Culture (CIRLAC) à Saint-Louis2.

Autant qu’une des pionnières de la littĂ©rature africaine francophone, Aminata Sow Fall porte un regard critique sur la sociĂ©tĂ© sĂ©nĂ©galaise en constante Ă©volution. Par exemple, elle dĂ©montre la corruption dans le gouvernement sĂ©nĂ©galais mais aussi le regard de l’homme sur la femme Ă  travers son roman le plus connu La Grève des bĂ ttu ou les dĂ©chets humains :

Les femmes s’intéressent davantage aux choses superficielles… Il faut qu’on leur apprenne à être responsables… Ce n’est qu’une question d’éducation…Belles toilettes, cérémonies grandioses, futilités… Non, ça ne doit pas continuer comme ça… Mais il y aussi que certains hommes n’aiment pas les femmes de tête, comme on dit ; elle menacent leur hégémonie. Celles qui ne se posent aucune question et n’en posent pas, voilà ce qu’il faut à ces orgueilleux qui jouent avec leurs femmes comme avec une poupée…3.

Dans son Ĺ“uvre Le Revenant, qu’elle a Ă©crit en 1976, Aminata Sow Fall expose la vie quotidienne au SĂ©nĂ©gal et les expĂ©riences de l’humiliation et la hypocrisie :

C’est le matin, ce jour où chacun est censé pouvoir se reposer un peu plus que d’habitude, même ceux qui, toute la semaine, sont noyés dans l’ennui des jours sans occupation. Car c’est dimanche, et déjà dans les rues de la Gueule-Tapée, les enfants crient, courent, conduisent des voitures imaginaires et pilotent des avions fictifs. Les femmes, par groupes, sur le chemin du marché, racontent tour à tour les potins de la veille avec de retentissants éclats de rire. Déjà, dans la cour des maisons, de braves jeunes filles assises devant de grandes bassines d’eau lavent les assiettes et récurent les marmites dans un concert discordant. Et chez tante Ngoné, Bakar s’étire sans cesse dans son lit et redécouvre que vraiment rien ne change, même pas le dimanche4.

En plus de l’adaptation de son roman La Grève des bĂ ttu ou les dĂ©chets humains, au cinĂ©ma par Cheick Oumar Sissoko, l’œuvre L’appel des arènes Ă©tait aussi adaptĂ©e au
cinéma par Cheikh Ndiaye qui aborde le problème d’aliénation culturelle :

l’homme perd ses racines et l’homme sans racine est comme un arbre sans  racines : il se dessèche et meurt.5

Dans l’œuvre Douceurs du Bercail, Aminata Sow Fall raconte une histoire d’une jeune fille qui a Ă©tĂ© envoyĂ©e en Europe pour une mission. Elle se fait contrĂ´ler Ă  l’aĂ©roport mais comme elle refuse la violation de son intimitĂ©, elle rencontre des problèmes avec la police de frontière :

Si vous ne voulez pas qu’on vous contrôle y a qu’a rester chez vous, hein !… complexée, va! Voilà pourquoi ils sont racistes et nous méprisent et osent nous parquer ici comme du bétail avant de nous embarquer dans des convois de la honte. Est-ce un crime d’aller vers là où pointé l’espoir quand tout semble foutu chez nous ? N’avons-nous pas le droit d’exister !6

À côté de ses œuvres engagées, elle a écrit des réflexions sur l’art de manger et la nourriture au Sénégal, suivies d’une vingtaine de recettes proposées par Margo Harley :

L’acte de manger

Par où commencer ? Peut-être en cherchant le sens, le sens de ce fait commun, tellement commun que la question peut paraître risible, une question que personne ne se pose: l’acte de manger, c’est quoi ? L’acte de manger est un beau sourire adressé à la vie. A-t-on jamais vu quelqu’un manger de bon cœur au moment où des sanglots lui obstruent la gorge ! Manger est un acte de joie. C’est la fête, pas seulement dans le ventre mais dans l’âme. Absorber de la nourriture dans certaines circonstances où l’envie n’y est pas, ni le goût, ni le plaisir, ni l’humeur, ce n’est pas manger à proprement parler. C’est se nourrir au sens le plus ordinaire du terme : assurer la condition élémentaire de la survie, dans des situations ou l’acte de manger n’a pas de sens, en vérité. Le manger ne saurait en effet être réduit au simple fait de se remplir le ventre. La contrainte, l’indifférence et la routine brisent l’élan qui éclaire le rapport spécifique de l’homme ou de la femme au manger7.

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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