Appel au dialogue: Macky Sall baisse-t-il les « armes » sous pression?
Après la proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel, le candidat sortant, Macky Sall, réélu avec 58,26 % des voix, lors du scrutin du 24 février dernier, semble être déterminé à dialoguer avec l’opposition.
L’imperturbable Macky Sall a mis de l’eau dans son vin. La vague colérique déclenchée par son parrainage, l’emprisonnement des potentiels adversaires politiques et le désaccord sur l’organisation de l’élection présidentielle du 24 février 2019 avec l’opposition a fini de couper le pont avec les forces dissidentes du pays. Le président, nouvellement réélu, Macky Sall, qui n’a pas réussi à établir les bases d’un dialogue sincère avec son opposition durant son premier mandat, le sait mieux que quiconque : la carte de l’apaisement est la meilleure à jouer pour tempérer le jeu politique et à renouer le fil du dialogue avec cette masse hostile à son mode de gouvernance. Et le président Macky Sall l’a compris. ‘‘Je tends la main à toutes et à tous, pour engager un dialogue ouvert et constructif, dans l’intérêt supérieur de la Nation’’, a dit Macky Sall, lors de sa première déclaration, mardi 5 mars, au palais de la République, depuis la fin de la campagne électorale.
L’appel au dialogue de Macky Sall n’a rien d’anodin. A mon humble avis, trois choses expliquent sa décision, qui annoncent peut-être le souffle d’un nouvel élan. D’abord, la médiocrité de ses rapports politiques avec l’opposition du pays, laquelle avait réfuté à l’unanimité et sans aucune réserve les résultats provisoires, par la voix des quatre candidats, Idrissa Seck (20,51%), Ousmane Sonko (15,67%), Madické Niang (1, 48%) et El hadji Issa Sall (4,07%), du scrutin présidentiel du 24 février dernier, dans une déclaration conjointe. Ensuite, le besoin pressant de redonner un nouveau souffle au dialogue moribond entre son régime et l’opposition pour qu’ils parviennent au moins à accorder leurs violons autour des grandes questions qui touchent la vitalité démocratique de notre pays. Enfin, la nécessité de prêter une oreille attentive aux voix discordantes, qui se sont levées par la voie des urnes de l’axe Dakar-Thies-Touba et la diaspora, laissant paraitre les signes d’un désamour.
À l’heure où la diaspora est tombée sous le charme de l’étoile montante du landerneau politique sénégalais, Ousmane Sonko, dont le discours trouve également un écho très favorable auprès des jeunes. Macky Sall a certes la majorité requise pour gouverner et le vrai sens de la manœuvre en politique mais avec la dissidence de la diaspora, qui lui a tourné le dos, lors de la récente présidentielle, et une bonne partie de la jeunesse sénégalaise qui viennent s’ajouter aux patates chaudes entre ses mains, le cas Khalifa Sall et celui de Karim Wade, Macky Sall semble être obligé de lâcher du lest et de satisfaire la demande politique de l’opposition, qui n’est rien d’autre que la libération des détenus politiques, un diagnostic profond du fichier électoral et du processus électoral, s’il compte vraiment donner un sens à son appel au dialogue.
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