Le Tribunal de grande instance de Diourbel a mis en délibéré jusqu’au 18 juin, le verdict du procès de l’élève Henriette Juliette Sambou qui comparaissait ce mardi pour « coups et blessures volontaires ayant occasionné la mort sans intention de la donner ».
Henriette Juliette Sambou, née le 10 octobre 1998 à Ndioumane est élève en classe de terminale à l’école privée Mandela de Diourbel, et choriste à l’église de Ngohé. Elle est poursuivie pour « coups et blessures volontaires ayant occasionné la mort sans intention de la donner ».
Les faits qui lui ont valu un procès remontent au 17 mars 2019. Ce jour-là, les éléments du poste de gendarmerie de Ndoulo sont informés d’un incident qui s’est produit dans un bar clandestin exploité à Ngohé par Mélany Diatta connue des services de sécurité pour avoir été traduite devant les tribunaux et condamnée plusieurs fois.
L’incident opposait Henriette Juliette Sambou à l’enseignant Henry Ndiaye.
Agacée par les attouchements et autres avances indécentes de Henry Ndiaye, Henriette Juliette Sambou lui avait asséné un coup de couteau à la cuisse gauche, blessure qui va occasionner la mort de l’enseignant.
Ce mardi matin, devant la barre, la prévenue qui était en sanglots a ému plus d’un. Elle n’a pas varié dans ses déclarations, reconnaissant avoir asséné un coup de couteau à la cuisse gauche de Henry Ndiaye pour le dissuader dans ses agissements.
« Les faits ont commencé vers 11 heures (…) il m’a tapé au niveau des reins, je lui ai demandé d’arrêter car je n’aimais pas ce qu’il faisait. Masi il a insisté. Il m’a dit qu’il n’allait arrêter que lorsqu’on aurait eu un rapport sexuel », a raconté la prévenue.
« Je lui ai dans un premier temps asséné un coup avec une cuillère qui lui est tombé sur la montre, mais il persistait. Je lui ai donné un autre coup sur la tête avec un verre en inox », a ajouté Henriette Juliette Sambou.
L’enseignant n’a pas arrêté et elle affirme être partie chercher un couteau. « Lorsqu’ il m’a à nouveau touché, je lui ai asséné ce coup de couteau à la cuisse gauche », a-t-elle expliqué.
« Je n’avais pas l’intention de lui faire du mal. Je ne savais pas que la blessure était grave. C’est lorsqu’il s’est levé pour aller aux toilettes que j’ai remarqué qu’il saignait », a-t-elle relaté.
Henriette Juliette Sambou affirme qu’elle n’en a jamais parlé à sa mère « parce qu’ils entretenaient de bonnes relations. Je ne pouvais pas lui dire que Henry Ndiaye me harcelait depuis juillet 2018 ».
Revenant sur son acte, elle a persisté : « Je ne l’ai pas fait exprès. Je demande pardon à la famille ».
Mélany Diatta, mère d’Henriette Juliette Sambou est poursuivie dans cette affaire pour exploitation illégale d’un débit de boissons alcoolisées sans autorisation administrative.
Elle reconnait avoir été à plusieurs reprises arrêtée par la police pour les mêmes faits mais prétend qu’elle ne connaissait pas les démarches à entreprendre pour obtenir cette autorisation.
Pour le juge, cette vente illégale est à l’origine de cet incident dramatique car à défaut d’un videur pour gérer le dérapage de certains clients, elle exposait ses enfants.
Les coaccusés Jean Marie Ngom et Philippe Gana Diop, tous deux amis de Henry Ndiaye, qui étaient sous contrôle judiciaire, ont conforté les déclarations de Henriette Juliette Sambou.
Jean Marie Ngom, aide-infirmier à Ngohé et Philippe Gana Diop, enseignant sont poursuivis pour non-assistance à une personne en danger.
« Lorsque Henriette a commencé à s’énerver, j’ai demandé à mon ami de cesser cette plaisanterie mais il ne m’a pas écouté », a expliqué l’aide-infirmier.
« Après avoir reçu le coup, il s’est retiré dans les toilettes mais lorsque je me suis rendu compte qu’il avait duré là-bas, je suis allé le voir et j’ai constaté qu’il se vidait de son sang. C’est en ce moment que j’ai voulu appelé un jakarta mais vu dans l’état qu’il était, cela n’était pas possible », a-t-il ajouté.
« C’est par la suite que Philip Gana Diop a décidé d’aller voir le maire pour qu’il nous prête son véhicule afin de le transporter à l’hôpital de Diourbel. Heureusement, entre temps, un taxi est arrivé et il a pu être transporté », a-t-il poursuivi.
La partie civile dit avoir pardonné et renoncé aux dommages.
Le procureur qui a rappelé que l’incident s’est produit dans un bar clandestin, a écarté toute intention d’homicide, soulignant qu’il s’agit de coups et blessures volontaires ayant occasionné la mort sans intention de la donner. Il a évoqué les dispositions de l’article 294 du code pénal.
Le ministère public a demandé au tribunal de déclarer Henriette Juliette Sambou coupable des faits qui lui sont reprochés et de la condamner à 2 ans de prison ferme. Compte tenu de son statut d’élève, il a demandé au juge de lui accorder une circonstance atténuante.
Contre la mère, le représentant du parquet a requis une peine d’emprisonnement de 6 mois ferme, estimant qu’en dépit des nombreuses interpellations de la police, elle a continué à exploiter le bar.
Le procureur a requis contre les prévenus Jean Marie Ngom et Philipe Gana Diop une peine d’avertissement.
Les avocats de la défense ont plaidé la clémence du tribunal.
Pour Me Théophile Kayossi, dans cette affaire, « Henriette n’a été qu’un instrument du destin ». « Il était dit que Henry Ndiaye devait quitter ce monde (ce jour-là). Tout au long de nos entretiens, elle n’a cessé de pleurer. C’est une fille troublée qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait », a-t-il dit.
« Une peine, lorsqu’elle est appliquée, doit avoir un sens. C’est pour permettre à la personne de comprendre qu’elle a commis un trouble. Cette fille (Henriette) n’est pas dangereuse. Elle a trébuché. On peut lui tendre la perche. Elle mérite la clémence du tribunal parce que les parents de Henry ont pardonné », a-t-il ajouté.
La mère de la prévenue « souffre moralement », selon l’avocat, notant que c’est « une mère de sept enfants, seule à entretenir toute cette nombreuse progéniture avec des petits-enfants ». Son acte n’est pas de la « témérité » mais plutôt une « nécessité », a défendu la robe noire.
Pour sa part, Me Assane Dioma Ndiaye a demandé l’acquittement de Jean Marie Ngom et Philippe Gana Diop, estimant qu’ils ont « tout fait » pour secourir Henry Ndiaye.
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