Dimanche, Iliman Ndiaye s’est aligné aux côtés de ses coéquipiers sénégalais pour chanter l’hymne de son pays et affronter l’Angleterre en huitième de finale de la Coupe du monde. Si le Sénégal s’est incliné 3-0 face à son adversaire, tous les souvenirs des trois années qui ont précédé le match de dimanche ont envahi sa tête et le cœur de sa famille dans les tribunes. Des larmes, mais aussi beaucoup de fierté.
Malgré l’élimination des Lions de la Teranga de la Coupe du monde, l’histoire d’Iliman Ndiaye vaut la peine d’être racontée : une histoire de persévérance, de croyance, de foi et de force. Quand vous êtes abattu, quand personne ne croit en vous et que le chemin semble bouché, Ndiaye est la preuve que vous pouvez encore y arriver. Et malgré la défaite contre l’Angleterre, le jeune milieu de terrain offensif n’oubliera jamais les quatre dernières semaines. Pour lui, ce n’est que le début d’une aventure qui pourrait le mener jusqu’au sommet.
Depuis les ligues amateurs anglaises il y a trois ans jusqu’à la Coupe du monde, la plus grande scène du football, Ndiaye est la success story. Ce joueur mi-français, mi-sénégalais a toujours cru au destin quand personne d’autre n’y croyait.
Né en France il y a 22 ans, Ndiaye, seul garçon d’une famille de huit personnes, a toujours été considéré comme un talent prometteur. Il a grandi à Rouen, où il a commencé à jouer au futsal pour le FC Rouen ; les médias locaux l’appelaient « le prochain Zizou » (en référence à la légende française Zinedine Zidane) parce qu’il était tellement bon et tellement meilleur que tous les autres de sa catégorie d’âge. Après un passage difficile à l’académie de Marseille, il a passé du temps à Dakar, la capitale sénégalaise, d’où est originaire son père.
Le père de Ndiaye a toujours eu une grande influence sur lui. Il était chorégraphe et a appris à son fils comment bouger, sauf que le jeune Iliman utilisait ces compétences non pas pour danser, mais pour dribbler. Aujourd’hui, la finesse et l’élégance de son jeu de balle viennent de ces leçons de danse. Ndiaye a les pieds rapides, un toucher doux et une agilité qui ont fait de lui l’un des meilleurs dribbleurs du Championship, la deuxième division anglaise, où il joue pour Sheffield United.
Mais la route qu’il a empruntée pour devenir un joueur professionnel à Sheffield, puis pour participer à la Coupe du monde, était bien plus complexe et épuisante que tout ce qu’il fait sur le terrain.
Après avoir déménagé à Londres à l’âge de 14 ans pour trouver un club et tenter de réaliser son rêve d’atteindre le sommet, il a joué pour le Boreham Wood FC en cinquième division anglaise – un échelon en dessous des ligues professionnelles anglaises – avant de se retrouver sans club. Un soir, alors qu’il jouait un match à cinq à Londres, il a été repéré par un entraîneur de la plateforme Rising Ballers. Ils ont quatre équipes qui participent aux championnats du dimanche et aident leurs joueurs qui n’ont pas été admis dans une académie à avoir une deuxième chance d’être repérés par des clubs professionnels.
C’est ainsi que tout s’est finalement passé pour Ndiaye. Après des années de luttes et de doutes, il était enfin sur la bonne voie. Après trois saisons avec Boreham Wood, le meneur de jeu a été signé par Sheffield United à l’été 2019. Après avoir impressionné pour leur équipe U23, il a obtenu sa chance avec l’équipe première le 14 mars 2021, signant son premier contrat professionnel à peine deux ans après avoir été sans club. Ses excellentes performances avec Sheffield United (16 buts en 55 matchs) ont fini par convaincre le manager sénégalais Aliou Cissé de le convoquer pour la Coupe du monde.
« Son parcours a été incroyable et cela lui a donné beaucoup de force. Il est très fort mentalement. Il croit en lui et il travaille dur », a déclaré Boulaye Dia, son coéquipier sénégalais, à ESPN avant le match contre l’Angleterre. « C’est un très bon garçon qui écoute et qui veut apprendre et s’améliorer. Je ne suis pas surpris de le voir à ce niveau, en Coupe du monde. Après tout ce qu’il a traversé, c’est incroyable ».
Après être sorti du banc contre le Qatar et avoir assisté Bamba Dieng pour le troisième but de son équipe dans une victoire 3-1, sa performance contre l’Équateur dès le début a été superbe. Il a joué en tant que milieu de terrain droit, a réalisé quatre dribbles sur cinq, a créé une occasion et a fait un excellent travail défensif sur Pervis Estupinan, l’arrière gauche équatorien, qui est l’une des meilleures armes de son équipe. « Iliman a été fantastique ce soir. Vu d’où il vient, il ne ressent aucune pression. Il y va et joue son jeu », a déclaré son coéquipier Idrissa Gueye à ESPN après cette victoire 2-1. « Il était un peu timide la première fois qu’il est venu avec nous, mais maintenant il montre tout son talent ».
Il a connu des moments plus difficiles contre l’Angleterre. Ndiaye a joué juste derrière Dia, en tant qu’hybride n°10/deuxième attaquant et a montré une grande énergie à nouveau, en essayant d’empêcher le ballon de parvenir à Declan Rice. Il aurait aimé avoir plus d’impact sur le jeu avec le ballon dans les pieds, mais pour une si grande occasion, il ne peut pas être trop déçu de sa performance. Après tous les sacrifices, ce match a presque été une récompense.
« Il n’a jamais abandonné », a déclaré son premier entraîneur à Rouen, Hassan Talani, à ESPN. « C’était un petit prodige avec un vrai don quand il était jeune mais il a dû trouver sa voie. C’était difficile pour lui mais il n’a jamais cessé de croire et de travailler et maintenant il est récompensé.
Après des années de lutte, Ndiaye a brillé lors de la Coupe du monde et a montré que c’est ici qu’est sa place. Certains clubs de Premier League n’ont pas eu besoin d’attendre qu’il joue contre l’Équateur ou l’Angleterre pour remarquer son talent. Il y a beaucoup d’intérêt autour de lui et cela ne fera qu’augmenter après le tournoi. Alors que Ndiaye est sous contrat avec Sheffield United jusqu’en juin 2024 et qu’il se concentre sur la promotion des Blades en première division cette saison, des sources indiquent à ESPN que des offres concrètes pourraient arriver en janvier.
Quoi qu’il arrive, vous pouvez être sûr que Ndiaye sera confiant et prêt.
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