Au moment où le monde célèbre la journée des droits de la femme, ce 8 mars, Thiès marche dans la violence. Après Coumba Yade en mai 2019, Marième Diagne, une jeune dame âgée de 25 ans, succombe suite à plusieurs coups de couteau de son ex-amant, Assane Guèye. Les faits se sont déroulés, ce samedi 7 mars, à Médina Fall, le plus grand quartier de la commune de Thiès-Nord.
Médina Fall Tally Bou Bess, un coin réputé zone de grand banditisme dans le populeux quartier Médina Fall, à Thiès, est profondément plongé dans l’émoi et la consternation après l’assassinat, ce samedi 7 mars, de Marième Diagne, une jeune étudiante de 25 ans, par son ex-amant, Assane Guèye. Elle a été poignardée de plusieurs coups de couteau par son bourreau suite à une altercation. «Les faits se sont passés devant moi. J’étais à quelques encablures de la maison de la famille Diagne en face du Lycée de Médina Fall quand soudain j’ai entendu des cris d’alerte du haut de la terrasse. Aussitôt, j’ai aperçu un homme avec un couteau à la main. Il a tenté de s’échapper mais je l’ai stoppé avec l’aide d’un ami. Nous l’avons ensuite maîtrisé quand il a dégainé le couteau. Je l’ai frappé et il a résisté. Mais, je l’ai finalement dominé parce qu’il était blessé à la main. Certainement, il s’était battu avec la fille qui l’avait blessé. Il avait son passeport et une brosse à dent dans ses poches. Je lui ai demandé ce qu’il venait de faire, il m’a répondu : ‘’Je viens de tuer une personne. Elle me devait de l’argent’’.» Ce sont là les mots de Moustapha Kidal, le témoin des faits, qui, déstabilisé, n’en croit pas ses yeux, quand il dit : «J’ai vu le corps de la fille baignant dans une mare de sang et (vu) la manière dont elle a été charcutée, je n’avais qu’une seule idée en tête lui faire sa fête.» Mais dit-il, «le mis en cause n’a dû son salut qu’aux voisins du quartier qui se sont opposés à son lynchage». D’ailleurs, d’après des sources proches du dossier, la défunte devrait au présumé meurtrier la somme de 3,040 millions de francs Cfa.
A la maison mortuaire, c’est la consternation totale. Toute une famille bouleversée. Difficile d’arracher un seul mot aux parents de la victime. Mbaye Diagne et Anta Guèye sont restés figés, refusant tout contact avec la presse.
«Il a escaladé le mur et est monté au 1er étage pour lui asséner plusieurs coups de couteau»
Mais ailleurs les voisins qui viennent compatir à la douleur acceptent de porter un témoignage sur un certain nombre de faits. Ils expliquent : «La défunte était fiancée à son bourreau. Lequel, depuis le Maroc où il réside, l’entretenait comme une épouse. Il lui envoyait beaucoup de choses et beaucoup d’argent. Mais le seul hic réside dans le fait que Assane Guèye n’a jamais été au courant du mariage, depuis environ sept mois, de sa fiancée avec un vieux riche émigré. Ce n’est qu’à son retour, à Thiès, ce jeudi 5, qu’il aura la surprise de sa vie, en apprenant la nouvelle.» Il ajoute : «L’étudiante en 2e année en génie civil à l’Institut universitaire de technologie (Iut) de l’Université de Thiès (Ut), qui n’avait pas encore rejoint le domicile conjugal, était en début de grossesse et vivait chez sa maman qui se trouve être la deuxième femme de Mbaye Diagne qui, lui, était absent au moment du drame. Le jour des faits, le mis en cause, qui s’était rendu au domicile de la victime, a escaladé le mur et est monté au 1er étage et a trouvé cette dernière pour lui asséner plusieurs coups de couteau à des endroits sensibles du corps.» Et les premiers éléments de l’enquête délivrés indiquent que le coup porté sur «l’artère carotidienne a été fatal à la victime».
A Nguinth, non loin du château d’eau, la famille de Assane Guèye ne croit toujours pas à l’acte criminel que vient de commettre leur fils, un ancien joueur de l’Asc foyer de Thiès. Sa maman S. Ndiaye, qui ne lui a toujours pas rendu visite au Commissariat central de Thiès où il est détenu pour les besoins de l’enquête, confesse : «Je n’ai pas vu mon fils depuis qu’il est rentré du Maroc. Il était parti avant le début du ramadan de 2019. Il voulait rejoindre en pirogue l’Espagne mais il a été refoulé et il est resté au Maroc. J’ai su qu’il était au Sénégal quand j’ai reçu la convocation suite à la plainte pour harcèlement et menaces de mort, vendredi dernier, que Marième Diagne lui a adressée. Les policiers m’ont expliqué qu’il avait fait à plusieurs reprises, depuis son arrivée, des va-et-vient chez Marième pour lui demander de lui rembourser l’argent qu’il lui envoyait depuis le royaume chérifien.» Elle poursuit : «Assane est malade depuis l’âge de 7 ans. Je l’ai soigné chez les marabouts et partout. C’est mon 2e fils et il a 35 ans. Quand tu le vois, il ressemble à un fou parce qu’il ne porte jamais d’habits propres. Il ne boit pas et ne fume pas mais il n’est pas sain d’esprit. Il ne jouit pas de toutes ses facultés c’est pourquoi il a commis cet acte ignoble. Je ne m’explique pas toujours comment un expatrié comme lui, qui a été confronté à plusieurs difficultés pour arriver à travailler au Maroc, puisse prendre son argent et l’envoyer à une femme et lui demander de le garder au détriment de sa propre mère. Ce qui explique qu’il n’est pas sain.»
«J’ai chassé Marème de chez moi à plusieurs reprises, en vain»
Elle ajoute avoir à maintes reprises demander à Marième d’arrêter de fréquenter son fils, en vain. «Je lui avais dit qu’il n’allait pas l’épouser, parce que Assane ne va pas bien, il est malade, mais elle avait toujours refusé. Je l’ai chassée plusieurs fois, mais rien. Ils sont sortis pendant 5 ans.» Un énième meurtre qui remet sur le tapis la question de l’insécurité dans la ville aux deux gares. Et le président du mouvement And Suxxaly Sénégal, Habib Niang, qui était au chevet de la famille de feue Marième Diagne, a demandé l’application de la peine de mort dans toute sa rigueur. Parce que, dénonce-t-il, «le meurtre de cette jeune fille d’une vingtaine d’années dont sa famille fondait beaucoup d’espoir est ignoble et crapuleux». Et de penser que l’application de la peine de mort serait «la bonne solution pour éradiquer ce fléau qui est en train de gangréner notre société». Aussi, Habib Niang, a-t-il regretté «les cas d’agression au quartier Médina Fall». Il pointe du doigt le manque de sécurité et le défaut d’éclairage qui règnent dans le quartier. Et demande au maire de la commune de Thiès Nord de travailler davantage à renforcer la sécurité des populations de sa commune. Lesquelles ne cessent dénoncer de la recrudescence des cambriolages, des agressions et des vols à l’arrachée, qui sont devenus monnaie courante dans la commune Nord. L’enquête est en cours au Commissariat central de Thiès.
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