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🔴Rwanda, Kagamé le guerrier et le visionnaire au cœur africain (Portrait)

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D’une guerre civile particulièrement sanglante à un essor économique évoluant à 8% par an, l’histoire contemporaine du Rwanda est associée, sans conteste, à un homme fort et charismatique, Paul Kagamé.

C’est lui qui a, en moins d’un quart de siècle, abaissé la mortalité infantile à ses niveaux les plus bas, élevé les revenus par tête d’habitant, éradiqué la corruption et mis son pays sur la voie de l’émergence au point de le qualifier d’un Singapour africain.

Mais qui est au juste Paul Kagamé ?

Grand, mince, au visage émacié et encadré de grosses montures, à première vue, Paul Kagamé, sourire crispé, n’apparait pas en personnage de falot.

Sa basse voix peu timorée oblige ses interlocuteurs à prêter oreille. Redouté et admiré, ses collaborateurs louent en lui un franc-parler assez peu diplomatique.

Depuis la fin de l’effroyable génocide en 1994, Kagamé dont on connaît peu de chose, anglophone, amoureux du football et du tennis, reste difficile à cerner.

Des campagnes jusque dans la capitale Kigali, tout le monde craint ou respecte ce chef d’Etat, critiqué par la communauté internationale et des ONG étrangères à qui on reproche de saboter les valeurs démocratiques et les droits de l’homme.

Kagamé se voit, en revanche, crédité de la reconstruction d’un pays 26 338 km², laissé agonisant il y a 24 ans. Il dirige aussi, depuis janvier, et pour un an la mythique Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue en 2002 l’Union africaine (UA).

– Une vie forgée en Ouganda

Né en 1957 dans la région de Gitarama, dans le centre du Rwanda, il n’a pas eu une enfance facile. Fils des descendants d’une lignée royale, Kagamé quitte son pays encore enfant, quand sa famille s’installe dans l’Ouganda voisin en 1960, fuyant les premiers massacres des Tutsis. Il n’avait alors que trois ans.

La longue période d’exil dans des camps de réfugiés tutsis a motivé sa détermination à rentrer un jour finir la guerre dans son pays. Ses études passées dans des écoles ougandaises ont largement été financées par des organisations caritatives.

Observant un succès scolaire en contraste avec une pauvreté extrême, Kagamé ne se privait pas comme d’autres jeunes, d’enchaîner des petits boulots pour subsister.

A l’âge de vingt ans, rien ne l’a empêché de s’engager avec d’autres réfugiés, dans la guérilla dirigée par Yoweri Museveni pour prendre le pouvoir dans son pays.

Après avoir chassé du pouvoir Milton Obote, Yoweri Museveni devient président de l’Ouganda en 1986, Paul Kagamé est vite propulsé chef adjoint du service de Renseignements militaires de l’Armée ougandaise.

Ses stages militaires financés aux Etats-Unis et à Cuba par l’Ouganda, lui ont motivé de lancer un mouvement rebelle – avec d’autres exilés tutsis rwandais – au début des années 1990 le Front patriotique rwandais (FPR) depuis l’Ouganda.

Soutenu par Yoweri Museveni, alors président de l’Ouganda depuis 1986, Kagamé qui n’avait que 36 ans, n’a pas tardé à renverser le régime hutu du président Juvénal Habyarimana dans son Rwanda natal en 1994.

Dans un pays déchiré par des tensions politiques et ethniques, l’assassinat le 6 Avril 1994 du chef d’Etat en fonction Habyarimana, par l’abattage de son avion, avait déclenché un génocide ayant fait plus de 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement dans la minorité tutsie et hutue modérée.

Aux commandes du FPR, Kagamé a décroché le poste de vice-président et ministre de la Défense, avant d’être officiellement reconnu président de la République en 2000.

– Rigoureux et artisan d’une économie spectaculaire

Critiqué par la communauté internationale de saboter les principes démocratiques ou d’instrumentaliser la justice contre ses opposants, Kagamé est crédité du bilan économique élogieux que connaît le pays des mille collines.

Après avoir été détruit pendant le génocide, le Rwanda affiche, aujourd’hui, en moyenne 8 % de taux de croissance.

Son revenu annuel par habitant est remonté à 700 dollars, alors que la dépendance par rapport à l’aide internationale est passée de 50% du budget de l’Etat à 17% aujourd’hui, indique l’Agence Ecofin spécialisée dans l’actualité économique africaine.

La chute de deux tiers de la mortalité infantile, l’élargissement de l’assurance-maladie qui couvre plus de 80 % de la population, des investissements massifs dans l’agriculture et le tourisme, sont les quelques indices clés pour lesquels le Rwanda est régulièrement félicité par la Banque mondiale.

Le pays de l’homme clivant entre héros et dictateur, s’est fait classer quatrième dans la liste des pays les moins corrompus d’Afrique par Transparency International. Pour en arriver là, Kagamé a fait le ménage dans son clan, faisant condamner quelques alliés politiques, des ministres et hauts fonctionnaires pour détournements de fonds.

Il a surtout marqué les esprits rwandais en inscrivant ses ambitions dans un livre blanc intitulé «Vision 2020» qui propose de transformer le pays, en un «nouveau Singapour d’Afrique», selon le professeur congolais Willy Bakonga qui enseigne dans une université privée au Rwanda.

Le journal français Le monde décrit Kagamé comme un homme qui a façonné son pays avec des «méthodes autoritaires conjuguées à une approche de manager, privilégiant la sécurité et les résultats économiques aux avancées démocratiques ».

Dans un pays majoritairement chrétien, la flopée d’églises est un « gâchis » pour Kagamé. Son pays de quelque douze millions d’habitants compte des milliers d’Eglises. Un chiffre qu’il digère trop mal.

Il s’en est pris aux églises protestantes fermant plus de 6000 d’entre elles, tout en exigeant désormais un diplôme de théologie et des moyens conséquents à tout pasteur qui voudrait former une Eglise au Rwanda.

«Je ne pense pas que nous ayons autant de forages. Avons-nous même autant d’usines ? Cela est un gâchis», avait-il déclaré.

Pas question de reculer. D’un pas assuré, il a même envisagé de dissocier les organisations confessionnelles des organisations de la société civile. A la communauté musulmane qui revendique 17 % de la population, il a interdit l’utilisation des haut-parleurs dans certaines mosquées.

– Une présidence à vie ?

Si pas le mieux, Kagamé est parmi les chefs d’Etats les mieux élus au monde. Au Rwanda, la participation de l’opposition aux scrutins est une formalité : En 2003, l’homme s’est fait élire avec 95% des voix. En 2010, il a été plébiscité avec 93%.

La révision de la Constitution, en 2015, à 98,4% des voix, devrait lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

Dans un premier temps, cette révision lui a permis de briguer un troisième mandat de sept ans en 2017 avec 98,66 % des suffrages exprimés. Ses deux adversaires ont recueilli, chacun, moins de 1 %.

Après cette période, qualifiée d’intermédiaire, il peut encore postuler à deux reprises à la magistrature suprême pour deux mandats successifs de cinq ans.

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Djiby SENE

Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.

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