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Être jeune en Afrique (Par Jonas BASSENE)

Avec une plume acérée, le journaliste Jonas Bassène analyse froidement la situation de la jeunesse africaine, en surfant sur l’illusion de l’échec des pouvoirs publics, qu’il estime être jusque-là inefficace pour une jouvence déboussolée. 





On ne reste plus une semaine, sans entendre à la radio,  ni voir sur nos écrans, ni lire sur la toile ou dans la presse des déclarations adulant la jeunesse africaine, en clair les jeunes africains. Notre continent est celui de l’avenir, disent nombres d’experts sur les plateaux de média occidentaux. Toutefois, à voir le contexte actuel de regain des aventures périlleuses, en méditerranéen, dans laquelle, est admise cette même jeunesse, l’on est en droit de se demander de quel avenir parlent-ils pour ce continent ? A voir la meute de jeunes, sur nos routes sac à dos en bandoulière avec quelques sachets de noix de cajou, d’eaux, de jouets d’enfants, des produits désinfectants… en pleine circulation, s’activant au moindre geste d’automobiliste, dans les bouchons, l’on s’interroge encore et encore de qu’elle jeunesse s’agit-il ? Jeudi 09 Août 2018, une télévision privée montrait un groupe de quarante (40) jeunes, désemparés, dépités,  rapatriés d’Espagne ceux-là n’ont pas échappé au contrôle régulier de la police Espagnole, et pourtant parmi eux, certains ont vécu des années durant dans ce pays que nous n’avons rien à envié.

 L’illusion

Frappé par les crises économiques à répétions, ce pays de la méditerranéen, l’un des maillons faibles de l’UE, peine à se stabiliser économiquement, en plus des dissensions internes sur fond de lutte indépendantiste entre catalans et le gouvernement de Madrid.  Le même jour dans son édition de 24h en France, la Radio France Internationale (RFI) révélait le démantèlement d’un réseau de trafiquant d’êtres humains entre la France et l’Espagne devenu premier pays d’accueil depuis l’arrivée des eurosceptiques, hostiles à l’accueil des migrants sur le sol italien,  au pouvoir. Et en a croire, Rfi, des sénégalais figurent parmi les victimes de ce trafic organisé par des ressortissants français et espagnoles, qui a généré des milliers d’Euros. Le plus ahurissant, ces esclaves du 21 siècle sont forcés à mendier dans les rues de l’hexagone pour le compte de leur maîtres.

Échecs de nos pouvoirs publics

De ces péripéties, sont comptables les échecs de nos pouvoirs publics. Puisque dans  les régions intérieures de nos pays, le gap existant en termes d’investissement infrastructurels, fruit d’une absence de politique de planification à l’aube des années 1960, n’offre point d’alternative de développement économique, à défaut de motiver le déplacement de cette catégorie de notre population, dépourvue de formation pour la plupart, vers les agglomérations, pour s’investir à fond dans le lavage informel de véhicule, à chaque coin de rue. D’ailleurs sur ce, Groundswell 2018, un rapport de la Banque mondiale sur la migration climatique, estime que « 140 millions de personnes se déplaceront à l’intérieur de leur pays d’ici 2050». La majorité sera naturellement composée de jeunes du fait du dynamisme qu’ils incarnent. Ailleurs, comme en Casamance, mes nombreux déplacements m’ont permis de découvrir de visu  un phénomène nouveau de quête de fonds destinés à financer «le périple de la mort». Ces sempiternels otages des océans voire ces futurs détenus « des camps de concentrations » de notre époque, pour ne pas nommer  les fameux « hots pots » travaillent corps et âme comme «arroseurs» de légumes dans les villages : Bourofaye, Mpak, Bofa… et dans certains îles, toute une année durant, avec à terme  de mobiliser une somme de sept cent mille franc CFA, pour le départ vers le mirage de l’ouest, sacralisé par certains média de propagande.

La plupart des politiques proposées jusque-là a échoué.

Les causes ne sont pas à chercher loin. Dans plusieurs pays du continent, les projets destinés à fixer les  jeunes dans leur terroirs profitent en premier lieu au clan voire partisans des tenants du pouvoir. En 2006, alors que le monde entier  venait de découvrir l’horreur macabre de l’immigration clandestine, le chef de l’Etat d’alors Me Abdoulaye Wade propose un plan de Retour Vers l’Agriculture (REVA) afin de lutter contre le chômage des jeunes, grande cause de cette immigration. Cependant, cette belle initiative se révèlera comme un mort-né. La loi d’orientation agrosylvopastorale devant favoriser plus tard le secteur de l’agro-industrie après une croissance de l’agriculture n’a pas abouti en raison d’un manque de volonté politique de l’Etat.

La jeunesse est déboussolée.

Cette jeunesse qu’on active pour accueillir ses hôtes ; cette jeunesse, nervis ou bouclier d’une classe de gérontes politique, Cette jeunesse, sans afro pessimisme aucune, est loin de croire à un futur harmonieux, dans un continent ou si elle n’est pas enrôlée dans les rangs  de milices «Imbonerakuré»- groupe autodéfense de régime burundais- elle atterrit dans les sanctuaires terroristes islamistes pour un lendemain incertain.   

Jonas BASSENE

Journaliste

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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