Jean-Noël Barrot à la commémoration du massacre de Thiaroye 44 : « Si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même »

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a participé ce dimanche à la cérémonie marquant le 80ème anniversaire du massacre de Thiaroye. Lors de son allocution, il a rendu hommage aux tirailleurs sénégalais et exprimé une reconnaissance explicite de cet épisode tragique par la France.
« Si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même. Car elle n’accepte pas qu’une telle injustice puisse entacher son histoire », a déclaré le ministre, en évoquant l’événement survenu le 1er décembre 1944, lorsque des soldats africains ayant combattu pour la France furent tués par l’armée coloniale française à leur retour de la Seconde Guerre mondiale. Ces hommes réclamaient le paiement de leurs soldes et une reconnaissance digne de leur engagement militaire.
Dans son discours, Jean-Noël Barrot a souligné le rôle crucial des tirailleurs sénégalais dans l’histoire militaire française. « C’est en héros que les tirailleurs sénégalais écrivirent cette page de notre histoire, repoussant courageusement les coups de boutoir de l’ennemi, malgré l’écrasante supériorité de ses moyens. S’illustrant au combat par des exploits sanctionnés par de si nombreuses citations et décorations militaires », a-t-il affirmé.
Cette reconnaissance intervient dans un contexte de renouvellement des relations entre la France et ses anciens territoires colonisés. Le ministre a insisté sur l’importance du devoir de mémoire et du respect envers ceux qui ont contribué à l’effort de guerre. « Nous devons regarder notre histoire en face, avec sincérité et courage, pour bâtir une relation équilibrée et respectueuse avec l’Afrique », a-t-il ajouté.
La cérémonie, tenue sur le site même de la tragédie à Thiaroye, a réuni des représentants des autorités sénégalaises, des familles des victimes, ainsi que des historiens et des membres de la société civile. Les discours étaient accompagnés de dépôts de gerbes et de moments de recueillement en mémoire des soldats tombés ce jour-là.
Le massacre de Thiaroye reste une plaie ouverte dans les relations franco-africaines. Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent pour demander une reconnaissance officielle, des excuses et une réparation morale pour les familles des victimes. La prise de parole de Jean-Noël Barrot s’inscrit dans cet effort de réconciliation.
Cette commémoration marque une étape symbolique dans la réhabilitation des tirailleurs sénégalais, héros souvent oubliés de l’histoire commune entre la France et l’Afrique. À travers ce geste, la France affirme sa volonté de ne pas laisser les injustices du passé entacher l’avenir.