Layssa Mbaye rend hommage aux martyrs des étudiants: » »Je suis ce peuple brisé, je suis mon peuple »
Après la mort de feu Fallou Sene à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis Layssa Mbaye, une écrivaine à la plume acerbe et engagée, tire le chapeau aux martyrs de la communauté estudiantine, s’indigne et s’interroge sur la situation scabreuse que traverse les étudiants dans un poème intitulé:« Je suis ce peuple brisé, je suis mon peuple ».
Quand la cause est noble, l’engagement est une obligation !
Je suis sidérée en tant que citoyenne de voir l’horreur qui se trame dans mon pays, terrorisée en tant qu’étudiante par l’avenir de l’université publique sénégalaise.
A quel moment de l’histoire du Sénégal j’ai raté l’épisode où il était marqué que l’étudiant pouvait constituer un danger ?
La franchise universitaire a été violée, une menace s’est sentie, le réflexe a été automatique.
L’étudiant qui réclame sa bourse, réclame un droit, et subir des supplices pour son droit me semble anormal.
La furie des étudiants ne fait pas d’eux une cible à abattre mais plutôt des manifestants à dissuader.
On s’est cru en Palestine ou en Birmanie, l’image du Sénégal aujourd’hui est pitoyable, la conduite de l’autorité et du subordonné ignoble, inqualifiable. La banalisation de la mort prend du terrain, la vie n’a plus sa valeur d’avant, nous sommes au seuil de l’ère des sauvageries, des âneries, bref de l’animalerie.
Quand j’entends dans un communiqué, accorder, plus d’importance au nombre de blessés du côté des forces de l’ordre alors qu’il y a mort, j’ai peur.
Je rappelle que ce n’est pas le peuple qui s’est porté garant de protéger où mourir, alors pour de simples blessures à côté d’une perte humaine, il n’y a pas lieu de comparaison.
Des parents viennent d’être privés de leur enfant, d’un espoir, condamnés au souvenir d’un visage, à vie.
L’on se demande, en fallait-il la peine ? Non ! D’autant plus que C’est entre nous, entre sénégalais, le fallait il vraiment ? Tuer ! Qui aurait tiré ? On ne sait pas ! Ce qui est sûr c’est que, ce ne sera pas à l’ autre de payer les pots cassés, ce sera toi- toi inconnu du moment, et pas pour longtemps.
Un affrontement entre étudiants et forces de l’ordre, ce n’est guère un fait nouveau nous sommes appelés à vivre cela pour l’éternité. Mais ces affrontements ont atteint leur paroxysme.
Je rappelle à ces messieurs censés nous protéger, que si vous ne deviez affronter que des civils, vous ne seriez pas formés dans la défense , et l’on ne vous aurez pas armer de munitions, pour dire que nous sommes loin d’être des adversaires.
Très chers vous êtes tenus au respect de l’ordre dans ce pays et non d’un désordre. Ayons de la hauteur et de la retenue, réfléchissons avant d’agir, le regret vient toujours après l’acte et la conscience a besoin de tranquillité pour vivre.
Agissons pour que la conscience ait cette tranquillité.
Chers camarades étudiants détruire n’est pas la solution, si ce n’est nous faire accumuler plus de retard dans la reprise de nos activités pédagogiques, même si l’on comprend l’agissement sous le coup de la colère, nous n’avons pas tort, mais il est bon de savoir que Ceux qui ont tiré, n’ont pas pensé justement. Parce qu’ils sont de simples exécutants dont la sensibilité est absente sur le terrain et dont pourtant ils devraient penser à cultiver dans un champ de bon sens de leur conscience. Et ceux là qui ordonnent se balançant à l’aise sur leurs chaises confortables, dans les bureaux climatisés, ce ne sont pas ceux là qui hésiteront dans leurs ordres tout simplement parce que leurs fils ne sont pas dans nos universités publiques.
Toutefois les responsabilités seront situées parce qu’il y a des responsables, et nous veillerons bien à cela.
Très chers tâchons d’être réalistes, rien ne vaut une vie, mais rien ne ramène une vie , nous ne pouvons qu’honorer des mémoires. Sachons qu’après tout nous sommes les grands perdants de l’histoire…Perdants pour l’instant, parce que nous sommes ceux qui pouvons changer le cours de l’histoire honorant des mémoires, et nous devrons hisser le drapeau demain, faire la fierté des couleurs de notre République par un engagement sincère inconditionnel.
Encore une fois ce n’est pas seulement dans la parole qu’on vaincra c’est dans l’action.
Une information est ouverte, nous attendons la suite, espérant que justice soit faite.
Nos yeux et nos oreilles, orientés sur cette affaire.
Aux parents de nos regrettés frères, nous présentons nos sincères condoléances. Ne vous fiez pas à cette phrase disant que »kou deh ya perte » mieux vaut mourir pour une cause noble, sauver des milliers de vies en défendant sa communauté, que de mourir en regardant le massacre d’un peuple qui réclame son droit à ne rien faire pour cette cause.
Bassirou Faye, mamadou Diop, balla Gaye, fallou Sene, vaillants, vous nous avez honoré !
Reposez tous en paix ?à part dresser ma plume, onze likhlass par jour, c’est le moins que je puisse faire, et je le ferai. Tout comme d’autres aussi.
J’en appelle à la sérénité, de tout cœur avec mes frères ?.
Dieu benisse le Sénégal, Dieu assiste les étudiants, Dieu protège le peuple, Dieu punisse aujourd’hui et à jamais les coupables ! Amen !
Très cordialement Layssa ?.
mayelaye@yahoo.fr