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Feu Moussa Ngom, le parcours d’un militant infatigable de la cause Sénégambienne

Les rumeurs l’avait déclaré mort plus d’une fois. Et pas plus tard que le dernier jour où il s’est produit au « Just for you », l’artiste et chanteur sénégambien, âgé de 62 ans, avait encore démenti les fausses informations sur sa mort. Retour sur le parcours d’un inconditionnel de l’unité africaine, un chanteur et militant infatigable de la cause sénégambienne.

C’est dans les chansons traditionnelles qu’il se fit remarquer dans un premier temps, à Banjul où il chantait dans les nuits de « Kassak » destinées aux nouveaux circoncis. Vient ensuite l’époque du « Guelowar jazz band » qui le propulsa sur le devant de la scène musicale gambienne. Très remarqué au Sénégal, le pays frontalier qui l’aura adopté, Moussa Ngom s’y sentait à l’aise. Il parle la langue et se considère comme un citoyen à part entière de ce pays d’adoption. Devenu membre du mythique Super Diamono du chanteur Omar Pène, sa voix finit par s’imposer dans les rythmes et sonorités du groupe de musique.

Artiste adulé, artiste controversé aussi. Rastaman au look particulier, bizarre pour certains, un style qui agace comme certaines de ses chansons panafricaines dont la vivacité se reflète dans les tenues iconoclastes qu’il porte sur scène. À l’aise dans le mandingue, son langage entrecoupé de briques d’anglais et de français mélangées au wolof, font de Moussa Ngom un artiste au style particulier.

L’enfant de Banjul reste un militant inconditionnel de la Sénégambie, cette confédération dont il a toujours rêvé. Mais Moussa Ngom n’en est pas moins le parent pauvre des largesses de Jammeh, le président gambien qui arrose souvent les artistes sénégalais à coup de millions de nos francs.

Confronté à des difficultés financières, l’artiste absent de la scène pendant un bon moment n’a pas été assisté dans ses derniers jours, mais il est resté digne. Lesquelles difficultés ont donné l’idée à son fils d’organiser dans les jours qui viennent, un spectacle-hommage en vue d’inciter les donateurs à venir en aide à un artiste qui le mérite amplement de par sa contribution au plan culturel. Une initiative qui ne se réalisera pas puisqu’au Sénégal, les hommages aux artistes sont toujours faits à titre posthume, ce que déplorait le regretté percussionniste Doudou Ndiaye Rose qui déclarait ne pas vouloir d’hommage posthume.

En quittant ce bas monde, Moaussa Ngom laisse derrière lui un Sénégal et une Gambie aux relations tantôt agitées, tantôt apaisées. Deux États qu’il rêvait de voir unifiés sous le nom de la Sénégambie. Ses chaussures, de couleurs différentes, resteront en l’état aussi longtemps que les deux peuples ne seront pas retrouvés. L’artiste en avait fait une condition.

Ce rêve, si cher à Moussa Ngom de voir la Gambie et le Sénégal constituer un seul pays, qui partage une monnaie commune, ne se réalisera pas de son vivant. Car, si tout unit les deux peuples aux plans géographique et culturel, tout, les sépare, au plan politique. La Gambie, une dictature indexée pour ses atteintes multiples aux droits de l’homme, s’épanouirait mal dans un Sénégal démocratique où la parole reste libre. À quelques exceptions près…

Repose en paix, Moussa Ngom. Artiste daanu na.

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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