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Yassine Fall : pour une justice plus humaine et des prisons à visage humain

Sous le soleil de Dakar, la ministre de la Justice, garde des Sceaux, Yassine Fall, a passé plus de trois heures à arpenter les couloirs surpeuplés de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. À la sortie, son visage grave trahissait l’émotion d’une femme confrontée à l’une des réalités les plus sombres du système judiciaire sénégalais. “Ce n’est pas une question de confort, mais un impératif de justice et d’humanité”, lâche-t-elle, déterminée.

Car derrière les murs centenaires de Rebeuss, conçue pour 800 détenus, s’entassent aujourd’hui près de 3 740 prisonniers. Un chiffre vertigineux qui symbolise, selon Yassine Fall, “l’échec prolongé d’un système pénal resté sourd aux signaux d’alarme”.

La fin du déni

Depuis des décennies, la surpopulation carcérale au Sénégal est évoquée à voix basse, comme une fatalité. Mais pour la nouvelle garde des Sceaux, il est temps d’en finir avec le déni. Elle parle de “lucidité et de courage”, mais aussi d’une volonté de replacer la dignité humaine au cœur de la politique pénale.

“Chaque détenu reste un être humain, porteur de droits. La prison ne doit plus être un lieu de désespoir, mais un espace de réinsertion et de deuxième chance”, affirme-t-elle.

Cette philosophie, Yassine Fall la partage avec le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, qu’elle dit “attentifs et déterminés à impulser une justice moderne, efficace et humaine”.

Des réformes de fond

Le plan d’action présenté par la ministre repose sur quatre piliers. D’abord, un recours élargi aux alternatives à la détention pour les délits mineurs : médiation pénale, travail d’intérêt général ou bracelet électronique. Ensuite, un aménagement systématique des peines pour les détenus âgés, malades ou proches de la fin de leur peine.

Troisième axe : la relance du projet de construction de nouveaux établissements pénitentiaires, après le scandale d’un chantier de 2 500 places resté inachevé et entaché de soupçons de détournement. Enfin, l’activation “dans un cadre juste et transparent” de la procédure de grâce présidentielle pour désengorger les prisons.

Humanité sans complaisance

Mais que les sceptiques se rassurent : Yassine Fall ne prêche pas l’impunité. “Les crimes de sang, les atteintes graves à la vie ou les actes de prévarication sur les deniers publics ne sauraient bénéficier d’aucune indulgence”, avertit-elle avec fermeté. L’objectif, dit-elle, n’est pas de relâcher, mais de réparer, réinsérer, rééquilibrer.

Le pari d’une justice du XXIᵉ siècle

Dans un pays où les prisons sont souvent synonymes de souffrance et de désespoir, la ministre veut rompre avec la logique punitive héritée du passé colonial. “Nous devons sortir d’une justice qui punit pour punir, pour entrer dans une justice qui restaure, répare et réinsère”, résume-t-elle.

À Rebeuss, son passage a été perçu comme un signe d’espoir. Dans les cellules exigües, des hommes et des femmes ont levé les yeux, intrigués, émus peut-être, par cette promesse d’un changement attendu depuis trop longtemps.

Yassine Fall a quitté les lieux le pas lent mais la voix ferme. “La justice, dit-elle, doit être le miroir de notre humanité.”

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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