đź”´Le trac des grands matchs de Liverpool : Les Reds n’ont pas marquĂ© lors de leurs trois finales
Le trac des grands matchs de Liverpool : Les Reds n’ont pas marquĂ© lors de leurs trois finales et n’ont pas rĂ©ussi Ă remporter aucun contre les quatre premiers du championnat… Mis en Ă©chec par une dĂ©fense profonde et une finition mĂ©diocre, les petites marges leur ont fait du tort.
Liverpool a plus de trophées que de buts en finale de coupe cette saison. Oui, vous avez bien lu. Les Reds ont passé 330 minutes en finale sans marquer le moindre but, mais ils ont remporté la FA Cup et la Carabao Cup.
Sur leurs trois finales, les deux premières se sont déroulées aux tirs au but après deux matches nuls et vierges à Wembley. Là où leur flair offensif habituel a fait défaut, ils se sont rabattus sur leur défense acharnée, ce qui leur a permis de remporter deux succès lors de séances de tirs au but nerveuses.
La finale de la Ligue des champions était toutefois une perspective différente. Si les Reds ont été frustrés par la solidité et les contre-attaques fulgurantes de Chelsea plus tôt dans la saison, ils ont été anéantis par leur propre manque de prolifération à Paris.
Ce fut un match curieux, qu’ils ont essentiellement dominĂ© du dĂ©but Ă la fin.
Les magiciens du Real Madrid, Luka Modric et Toni Kroos, ont Ă©tĂ© rĂ©duits Ă l’Ă©tat de spectateurs innocents pendant une grande partie de l’affrontement au Stade de France, Liverpool ayant obtenu plus de tirs que son adversaire, 24-4, dont neuf cadrĂ©s.
Alors, où se sont-ils trompés ? Y a-t-il des points récurrents dans chaque finale ?
La rĂ©ponse Ă cette question est oui et non, comme nous l’expliquerons tout au long de cet article.
Pour commencer, le style de Liverpool est basĂ© sur un pressing fĂ©roce. Ils ne gardent pas le ballon dans des zones sĂ»res, et prĂ©fèrent jouer verticalement et rapidement. Ils n’en changent que très rarement, tant la qualitĂ© du coaching de Jurgen Klopp est grande.
Madrid, en revanche, a une approche plus simpliste. Leur jeu est fait de confiance et de croyance totale dans leur façon de déplacer le ballon. Le week-end dernier, sous les projecteurs, ils ont rapidement retrouvé leur forme et sont restés compacts.
À maintes reprises, ils ont survécu dans la compétition grâce à leur créativité et leur détermination dans les moments difficiles.
C’est donc Ă l’Ă©quipe d’Anfield qu’il revenait de casser la baraque. Le centre du terrain Ă©tait encombrĂ©, un mouvement dĂ©libĂ©rĂ© de la part des Madrilènes, les obligeant Ă dĂ©placer le jeu dans les zones plus larges et Ă rester sur leurs gardes au milieu, avec des passes Ă une touche.
Il n’y avait pratiquement aucune pression sur le ballon de la part des Madrilènes, qui se contentaient de laisser leurs rivaux dicter le cours du jeu et restaient concentrĂ©s sur la fermeture des espaces. En transition, ils ont fait flotter des ballons derrière Trent Alexander-Arnold, manquant le centre.
La prĂ©sence de Karim Benzema leur permettait de le faire, mais Liverpool Ă©tait rarement dĂ©stabilisĂ©. Au contraire, ils ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de superbes passages, et auraient dĂ» trouver le chemin des filets. Le fait qu’ils ne l’aient pas fait est effrayant. Pas une seule fois, ils n’ont donnĂ© l’impression de paniquer.
MalgrĂ© cela, le rusĂ© Carlo Ancelotti a dĂ©clarĂ© que les Reds Ă©taient « plus faciles » Ă jouer que les autres Ă©quipes qu’ils ont affrontĂ©es en Ligue des champions sur leur chemin vers la finale.
Il a dĂ©clarĂ© : « Je pense que Liverpool a Ă©tĂ© plus facile Ă dĂ©chiffrer que les autres, parce qu’ils ont une identitĂ© claire et que nous avons pu nous prĂ©parer comme nous l’avons fait. Nous savions quelle stratĂ©gie adopter : ne pas leur laisser d’espace derrière la dĂ©fense pour qu’ils puissent s’y engouffrer ».
Les points Ă retenir ? L’Ă©quipe de Klopp a souffert d’une mauvaise finition. Les occasions Ă©taient lĂ , mais elles ont Ă©tĂ© punies par Madrid, qui s’est contentĂ© d’attendre son heure.
Et que dire de la finale de la FA Cup ? Une fois de plus, Liverpool n’a pas marquĂ©, mais a pu soulever le trophĂ©e grâce Ă des tirs au but bien sentis au moment opportun.
Ce choc a Ă©tĂ© une guerre d’usure, un match dĂ©licat qui a vu les deux Ă©quipes se neutraliser plus souvent qu’Ă leur tour. Les hommes de Thomas Tuchel Ă©taient bien rodĂ©s, et leur structure s’est avĂ©rĂ©e ĂŞtre le parfait contrepoids au penchant de Liverpool pour le pressing haut.
Dans leurs montĂ©es, deux de leurs milieux de terrain Ă©taient capables de faire sortir le numĂ©ro 8 de Liverpool, Naby Keita ou Jordan Henderson, ouvrant ainsi des espaces autour d’eux. Leur trio arrière a Ă©galement tenu bon, et leur a donnĂ© suffisamment de largeur pour Ă©tirer leurs adversaires.
Tout comme la Ligue des champions s’est dĂ©cidĂ©e au niveau de l’arrière-garde, cette finale a vu les dĂ©fenseurs centraux des Blues laissĂ©s en largeur, attirant les ailiers de Liverpool vers eux. Ă€ leur tour, les ailiers de Chelsea ont pu longer les lignes de touche et se placer derrière.
Les deux Ă©quipes ont fait preuve d’un bon pressing, ce qui a conduit Ă un match nul et facile Ă regarder. Les deux Ă©quipes se sont limitĂ©es Ă deux tirs cadrĂ©s, bien que Liverpool ait eu plus de tentatives, 17 contre 10, sous la cĂ©lèbre arche de Wembley.
LĂ encore, il serait injuste de dire que les Merseysiders ont perdu leur sang-froid ou ont mal jouĂ©. Au contraire, ils ont Ă©tĂ© bien encadrĂ©s par Chelsea, qui s’est inclinĂ© Ă la dernière minute.
Pour ce qui est de la finale de la Carabao Cup, Liverpool s’est Ă nouveau montrĂ© assez ordonnĂ©. Ils sont partis dans un 4-3-3, face Ă un bloc dĂ©fensif de Chelsea, qui avait optĂ© pour un 5-2-3. Après un dĂ©but hĂ©sitant, ils ont dominĂ© la première mi-temps, avec leurs numĂ©ros 8 qui ont crĂ©Ă© le danger sur les cĂ´tĂ©s.
Klopp aurait Ă©tĂ© particulièrement satisfait des mouvements de son Ă©quipe sur la gauche. Keita a cherchĂ© Ă Ă©chapper au double pivot des Blues et s’est dĂ©placĂ© sur ce flanc, crĂ©ant une formidable liaison entre lui, Luis Diaz et Andy Robertson.
C’Ă©tait un match de transitions. Une fois encore, les ailiers de Chelsea conservaient leurs positions de dĂ©part larges et avancĂ©es, tandis que Diaz et Mohamed Salah opĂ©raient dans les poches Ă l’extĂ©rieur des dĂ©fenseurs centraux de leurs adversaires, cherchant Ă les Ă©tirer.
C’Ă©tait une façon productive d’attaquer, mais, malgrĂ© le fait qu’ils continuaient Ă se frayer un chemin dans l’espace autour de la surface de rĂ©paration, ils ne pouvaient pas marquer le but crucial. Finalement, il a fallu une sĂ©ance de tirs au but record pour qu’ils puissent hisser le trophĂ©e dans les airs.
Tout comme en finale de la Ligue des champions, le gaspillage et les décisions douteuses ont causé la perte de Liverpool. Klopp y réfléchira certainement cet été.
Il sera Ă©galement prĂ©occupĂ© par le fait que Liverpool n’a remportĂ© aucun de ses matchs contre le top 4 de la Premier League. Les rencontres contre Tottenham et Chelsea, en particulier, ont prouvĂ© que Liverpool a du mal Ă franchir la ligne.
Lors de leur frustrant match nul 1-1 Ă domicile contre les Spurs, ils ont eu 65 % de possession de balle et ont effectuĂ© 22 tirs au but. Mais ils n’ont pas rĂ©ussi Ă concrĂ©tiser cette domination.
Leur manager n’Ă©tait pas d’humeur Ă faire l’Ă©loge de l’approche sĂ©curitaire d’Antonio Conte Ă l’heure de jeu, admettant qu’il n’aime pas leur « type de football » et qu’il « ne peut pas l’entraĂ®ner ».
Mais les statistiques brutes montrent qu’aussi cauchemardesque que cela ait pu ĂŞtre Ă regarder, cela a parfaitement neutralisĂ© son Ă©quipe. Leurs 31 centres en provenance du jeu ouvert ont Ă©tĂ© gâchĂ©s par des envois sans but dans la boĂ®te, et seulement six d’entre eux sont tombĂ©s sur un coĂ©quipier.
Il n’y a pas de mal Ă revenir Ă une mĂ©thode d’attaque Ă©prouvĂ©e, avec des ballons dans la zone dangereuse qui, le plus souvent, se traduisent par un danger ou une occasion. Cependant, le simple fait d’envoyer un grand nombre de ballons n’a servi Ă rien tant la qualitĂ© Ă©tait faible.
La situation Ă©tait la mĂŞme lors du match nul Ă domicile contre Chelsea en aoĂ»t dernier. Les Blues ont Ă©tĂ© rĂ©duits Ă 10 après l’expulsion de Reece James Ă la fin de la première mi-temps, mais Liverpool, qui s’est efforcĂ© de trouver une faille dans l’armure, a rĂ©tabli l’Ă©quilibre.
Des parallèles Ă©vidents existent entre ces deux matchs, et ce n’est pas une surprise, les deux Ă©quipes londoniennes ayant dĂ©ployĂ© un dispositif dĂ©fensif similaire pour tenter de faire mal aux Reds.
Leurs rencontres avec Manchester City ont été plus chaotiques. Klopp a décrit leur dernière rencontre comme étant « sauvage », avec les unités offensives des équipes qui ont pris le dessus.
La dĂ©fense a Ă©tĂ© chancelante, et c’est City qui s’est crĂ©Ă© les meilleures occasions.
Ont-ils Ă©tĂ© dĂ©couragĂ©s par cela ? Bien sĂ»r que non. Les deux Ă©quipes ont essayĂ© de jouer depuis l’arrière Ă chaque fois que l’occasion se prĂ©sentait, et ont Ă©galement essayĂ© de presser haut dans leur style agressif.
La confrontation d’octobre a Ă©tĂ© tout aussi passionnante que celle d’avril – et les buts sont venus de moments de rĂ©elle qualitĂ© ; deux bonnes Ă©quipes faisant ce que les bonnes Ă©quipes font.
Les milieux de terrain n’ont pas marquĂ© beaucoup de buts, un autre problème que le manager pourrait tenter de rĂ©soudre cet Ă©tĂ©. Fabinho est en tĂŞte avec huit buts, tandis que Keita, Henderson et Thiago sont Ă la traĂ®ne avec respectivement quatre, trois et deux buts.
En rĂ©sumĂ©, Liverpool a Ă©tĂ© brillant dans la complexitĂ© du football lors de ses grands matches cette saison, mais a manquĂ© de rĂ©ussite dans le domaine le plus simple : marquer les buts nĂ©cessaires pour gagner des matches. Ils sont incroyablement bons, mais, surtout, ils ont manquĂ© d’un peu plus d’astuce.
Le football, comme toujours, est une affaire de petites marges et malgrĂ© le fait qu’ils se soient retrouvĂ©s du mauvais cĂ´tĂ© de celles-ci de manière douloureuse Ă Paris, c’est un problème qui peut ĂŞtre rĂ©solu. Ils devront peut-ĂŞtre recruter pour y parvenir, mais ils sont tout près d’atteindre enfin la perfection.