Chronique – Le tournant de la sobriété : rupture chiffrée avec l’ancien régime

On a souvent reproché aux nouveaux dirigeants de parler plus qu’ils n’agissent. Pourtant, les chiffres sont têtus. Et ils parlent plus fort que les discours de salon ou les éditoriaux bien-pensants. La comparaison des exécutions de crédits de paiement entre 2023 et 2024 montre une chose claire : la sobriété est de retour au sommet de l’État.
Au premier trimestre 2024, les dépenses ont été encore marquées par les excès du régime sortant, ces fameux mois de “fin de règne” de Macky Sall où la caisse publique semblait un butin à vider avant l’alternance. Mais dès l’installation du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, un virage net a été amorcé.
À la Présidence de la République, les dépenses sont passées de 65,14 milliards en 2023 à 61,65 milliards en 2024. Soit 3,49 milliards de FCFA d’économies, rien que sur cette institution. À la Primature, autrefois théâtre de gaspillages protocolaires et de voyages sans résultats, ce sont 2,78 milliards de dépenses en moins qui ont été constatés.
Au total, 6,27 milliards de FCFA économisés sur ces deux entités stratégiques, preuve que le discours sur la gestion vertueuse n’est pas une coquille vide. C’est un cap. Une méthode. Une ligne politique.
En revanche, à l’Assemblée nationale, l’ancienne majorité Benno Bokk Yakaar, encore aux commandes jusqu’en décembre 2024, s’est offert une dernière valse budgétaire : 3,01 milliards de dépenses supplémentaires par rapport à 2023. Comme un baroud d’honneur d’une classe politique qui n’a jamais compris que la fin de l’impunité financière était venue.
Les défenseurs du projet Diomaye-Sonko devraient brandir ces chiffres avec fierté. Car ils révèlent une chose essentielle : la rupture n’est pas que rhétorique, elle est aussi comptable.
Certes, tout n’est pas encore parfait. Mais pour la première fois depuis longtemps, les palais du pouvoir ne sont plus des gouffres à milliards. Le régime actuel a montré, chiffres à l’appui, qu’il est possible de gouverner autrement. Il ne reste plus qu’à consolider cette culture de la responsabilité, et à faire de chaque franc public un levier de progrès, pas un instrument de prestige.