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Chronique : Les nominations de la discorde – Quand le décret devient une arme politique

Au Sénégal, la fonction présidentielle confère une puissance quasi absolue. Avec un simple décret, le président peut remodeler l’appareil administratif, redistribuer les cartes politiques et, parfois, réveiller de vieilles blessures. Sous la présidence de Diomaye, ce pouvoir, au lieu d’unir, semble s’ériger en instrument de division et de provocation, remettant en question la promesse d’un Sénégal inclusif.

Les récentes nominations orchestrées par le chef de l’État laissent perplexe. Au lieu de symboliser une volonté de rassembler, elles apparaissent comme une récompense pour les ennemis d’hier, ceux qui n’ont eu de cesse de combattre Ousmane Sonko et le PASTEF, souvent avec un acharnement qui frisait l’injustice. Ces choix stratégiques ne sont pas anodins : ils ravivent les plaies ouvertes par des années de polarisation politique et valident, dans l’esprit de certains, les accusations infondées de terrorisme portées contre les partisans de ce que d’aucuns appellent encore “le PROJET”.

Des nominations au goût amer

La République devrait être au-dessus des querelles partisanes, mais la réalité sénégalaise semble bien différente. En nommant à des postes stratégiques des figures connues pour leur hostilité envers le PASTEF et ses idéaux, le président Diomaye envoie un message clair : l’apaisement n’est pas à l’ordre du jour. Pire encore, ces nominations donnent l’impression que la fidélité au “système” vaut plus que la compétence, que le mérite, ou que l’intérêt supérieur du pays.

Pour les partisans de Sonko, ces décisions ont un goût de trahison. Elles résonnent comme une validation tacite de la stratégie de marginalisation qui a visé leur camp. Elles viennent sceller une alliance implicite avec ceux qui, hier encore, défendaient l’impunité, fermaient les yeux sur les abus et perpétuaient les logiques de domination.

Un pas de plus vers la division

Ces choix de personnel ne sont pas sans conséquence. Dans un contexte déjà marqué par une méfiance généralisée envers les institutions, ces nominations risquent d’amplifier la fracture entre les citoyens. Les Sénégalais qui croyaient en une alternance porteuse d’espoir se sentent trahis, tandis que les autres, ceux qui défendaient l’ordre établi, jubilent.

En politique, les symboles comptent. Et chaque nomination est un symbole. En optant pour des figures controversées, Diomaye ne fait que renforcer l’idée que son mandat s’inscrit dans la continuité du système qu’il avait pourtant promis de réformer.

L’appel à la raison

Il est encore temps pour le président Diomaye de rectifier le tir. Gouverner, ce n’est pas plaire à une poignée de fidèles ou récompenser les alliés du moment. Gouverner, c’est penser à l’avenir, construire un Sénégal où chaque citoyen se sent représenté et respecté, indépendamment de ses affiliations politiques ou de son passé militant.

Si Diomaye veut marquer son mandat d’un sceau différent, il devra cesser d’utiliser le décret comme une arme politique et commencer à l’utiliser comme un outil de réconciliation nationale. À défaut, il risque de finir comme tant d’autres dirigeants avant lui : isolé, contesté, et finalement emporté par les vagues du mécontentement populaire.

L’histoire retiendra-t-elle un président rassembleur ou un président diviseur ? À Diomaye de choisir.

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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