Chronique – Les tirailleurs sénégalais : une mémoire salie par l’ignorance ou l’irrévérence
Il faut parfois se pincer pour croire ce que l’on entend. Cheikh Oumar Diagne, dans un énième accès de démesure et d’irresponsabilité, a osé proférer une insulte d’une gravité inouïe : qualifier les tirailleurs sénégalais de “traîtres”. Oui, vous avez bien lu. Ces hommes, arrachés à leur terre, envoyés sur des champs de bataille qui n’étaient pas les leurs, ont été réduits par un homme à une caricature indigne.
Traiter les tirailleurs de traîtres, c’est cracher sur l’histoire. C’est nier leur sacrifice, leurs souffrances, leur courage face à la mitraille. C’est effacer leurs larmes et leurs blessures, eux qui ont été humiliés, souvent oubliés, et qui n’ont récolté qu’une reconnaissance tardive. C’est aussi, et surtout, piétiner le geste fort du président qui, le 1er décembre dernier, a décidé de leur rendre l’hommage qu’ils méritent. Ce moment solennel, ce rappel de notre dette envers ces héros, voilà ce que Cheikh Oumar Diagne a osé balayer d’un revers de main.
Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas seulement une attaque contre les tirailleurs. Non, c’est une attaque contre l’unité nationale, contre notre mémoire collective. Ce genre de propos sape les fondations mêmes de notre pays. Ce n’est pas une simple erreur de langage ou une maladresse ; c’est une forfaiture. Et le plus scandaleux dans tout cela, c’est que cette forfaiture est proférée sous l’ombre du palais, comme si elle pouvait bénéficier d’une quelconque impunité.
Cheikh Oumar Diagne, par ses déclarations, ne se contente pas d’insulter les morts ; il divise les vivants. En agissant ainsi, il se place lui-même dans le camp de ceux qui trahissent notre histoire, notre mémoire et nos valeurs. Les tirailleurs sénégalais ne sont pas des traîtres : ce sont des symboles, des martyrs, des héros. Les insulter, c’est insulter le Sénégal tout entier.
Alors, que faire face à cette ignominie ? Se taire ? Certainement pas. La mémoire des tirailleurs ne peut être laissée à la merci des ignorants. Le silence serait une complicité. Cette sortie malheureuse de Cheikh Oumar Diagne doit être condamnée avec la plus grande fermeté. Il est grand temps de rappeler à certains que la liberté d’expression n’est pas la liberté d’outrager.
Le Sénégal a besoin d’unité, de respect, de dignité. Ce genre de dérive n’a pas sa place dans notre République. Que chacun prenne ses responsabilités. L’histoire, elle, jugera. Mais en attendant, nous avons un devoir : défendre la mémoire des tirailleurs sénégalais, coûte que coûte, contre les traîtres de la vérité. Cheikh Oumar Diagne, ça suffit.”