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Portrait – Anna Semou Faye, la première dame à diriger la Police nationale

Promue à la tête de la police nationale le 25 juillet 2013, Anna Semou Faye devient la première dame à diriger cette institution. Femme d’expérience, réputée pour sa rigueur, sa priorité sera de mettre au pas une police minée à l’époque par la corruption.

Anna Semou Faye est parmi les plus gradés de la police. Elle a été choisie pour son ancienneté, sa rigueur et son expérience (…) Nous souhaitons qu’elle remette les gens au pas, et exige le maximum de sérieux pour que la police retrouve sa bonne réputation ». C’est en ces termes qu’Abdou Latif Coulibaly avait souhaité, en quelque sorte, la bienvenue à Anna Sémou Faye, précédemment coordonnatrice du Conseil interministériel de lutte contre la drogue, à la Direction générale de la police nationale. Le ministre de la bonne Gouvernance et porte-parole du Gouvernement annonçait ainsi la nomination pour la première fois, dans notre pays, d’une femme à la tête des flics en remplacement d’Abdoulaye Niang emporté par une sale affaire de trafic de drogue qui a souillé notre police nationale. Vu son parcours exceptionnel, la nomination de commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle à ce poste est tout sauf une surprise. Elle vient couronner une longue et brillante carrière de cette grande dame de 55 ans (elle est née le 14 avril 1958) dans la police.

débarque comme une fraîcheur pour déparer des sales clapotis d’une élite. Son passé dans la police et les échos qui suivent de près son image rameutent l’image d’un flicard «au-dessus de tout soupçon et jusque-là jamais compromise». Dans les cercles les plus introduits de la police, on souffle qu’elle ne «cultive pas les mêmes connexions bourgeoises que bon nombre de ses pairs». Devant son bureau encombré de paperasserie, rassurée du soutien de ses hommes, elle ne craint rien. Ni personne. Celle qu’on vante comme l’une des premières femmes haut gradées de la police est rigoureuse et intransigeante sur les principes. Elle a eu à marquer de son empreinte tous les services par où elle est passée.

Dans les locaux des commissariats qu’elle a fréquentés, la vermine, les petits délinquants, les trafiquants de chanvre indien de seconde zone, les flics véreux, les drogués minables essuyaient très souvent ses branlées. A Dieupeul, elle était la terreur des délinquants et sa seule présence interdisait aux ripoux de passer la ligne jaune. En quelques années, « Badiène » comme la surnommaient affectueusement ses collègues, a réussi à remettre de l’ordre dans une localité qui en avait vraiment besoin.

La légende qui l’entoure raconte aussi qu’à la Direction des passeports et des titres de voyage, elle a eu à assainir le secteur et mis un point final sur les pratiques peu orthodoxes décriées par les usagers du service public. Les lassantes lenteurs dans la délivrance des titres ont cédé le pas à une célérité et une diligence aujourd’hui érigées en règle. C’est Anna Sémou Faye qui avait mis en place un bureau exclusivement réservé aux personnes âgées, aux malades devant être évacués vers l’Extérieur, aux étudiants détenteurs de pré-inscriptions et aux fonctionnaires voulant accomplir des missions hors du pays. Ces personnes obtenaient en vingt-quatre heures, et pas plus, leur passeport pour pouvoir quitter le pays.

Anna Sémou Faye a eu aussi des passages remarqués aux commissariats du Plateau, de Bel-air, du Port, du Point E, à la Direction de la police judiciaire, à la Direction de services spéciaux chargés des contrôles aux frontières, à la Direction de la Police de l’air et des frontières au ministère de l’Intérieur.

Anna Sémou Faye tire aujourd’hui les dividendes d’une brillante carrière dans la police. Titulaire d’une maîtrise en sciences juridiques et politiques, option judiciaire, cette privatiste fait partie de la promotion 1982 de la police, la première promotion de femmes. Anna est aussi spécialisée dans la protection juridique de l’enfant en danger, dans la gestion de la sécurité publique en zone urbaine, dans la gestion de crise de la sécurité de la plateforme aéroportuaire et dans la gestion de la sécurité maritime surtout les navires et les installations portuaires. Elle peut se targuer d’une expérience professionnelle balèze riche de plusieurs participations à des missions ou groupes de travail internationaux, de missions d’enquête et d’identification de migrants irréguliers en Suisse et en Espagne, de négociations d’accords bilatéraux relatifs à la gestion des migrations (France-Espagne) et à la sécurité interne (Maroc).

Du haut de ses 31 ans de carrière dans la Police nationale, cette femme mariée et mère de deux enfants a eu à gérer plusieurs dossiers chauds. En 2001, l’affaire Balla Gaye (étudiant tué par balles le 31 janvier 2001 au campus universitaire de l’Université de Dakar, lors d’une grève) lui retombe sur les bras. Entre tensions sociales, manips venues d’en-haut, elle jongle adroitement et retrousse les dents pour faire respecter son indépendance. Une source proche de l’enquête à l’époque croit savoir : «Quand cette affaire a éclaté, elle était à la Sûreté urbaine. Quand on avait accusé Thiendella Ndiaye, l’affaire a fait beaucoup de vagues. Mais Anna avait refusé toute intrusion de la hiérarchie policière dans l’enquête. C’est une femme à poigne.» Avec un passé aussi élogieux, choix ne pouvait être plus judicieux. Anna Sémou est véritablement armée pour réussir sa nouvelle mission. Elle qui est appelée à mettre fin au désordre qui prend de l’ampleur au sein de la Police nationale …

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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