Saint Valentin n’est pas vraiment le patron des amoureux
Fête commerciale, du mauvais goût ou de l’amour obligatoire… La Saint-Valentin a souvent mauvaise presse. Pourtant, derrière la banalité de cette fête, se cache une longue histoire de luttes collectives contre l’ordre établi et pour les libertés individuelles.
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Le 14 février, on lui donne souvent le visage d’un patriarche, entouré de multiples cœurs sur des cartes de vœux. Saint Valentin a vraiment existé, mais il ne correspond pas vraiment au personnage que l’on imagine. « Près de huit saints ont porté son nom », précise Jean-Claude Kaufmann dans son ouvrage. Mais ils n’étaient pas pour autant les patrons des amoureux : ils protégeaient « le vignoble du phylloxéra, les vaches de la maladie ou la culture des oignons ». Moins glamour.
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Sans sources historiques solides, difficile de déterminer qui fut le véritable Valentin à l’origine de la fête des amoureux : « Il y a un saint Valentin bien réel qui vécut au IIIe siècle à Rome et qu’on appela plus tard ‘patron des amoureux’, écrit le sociologue. Mais ce fut (…) inventé a posteriori, parce que les autorités religieuses et politiques avaient besoin de ce storytelling. » D’ailleurs, personne ne sait s’il résulte de l’amalgame de « deux ou trois personnes », ni s’il était « empli d’amour ».
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La seule certitude, c’est que ce saint célébra des mariages. « Il le fit dans un contexte très particulier (…) Pas vraiment au nom de l’amour, d’ailleurs, mais plutôt pour combattre les passions débridées de l’époque. »
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Le symbole historique de « l’amour », c’est l’ours
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Si l’histoire de la Saint-Valentin est le fruit de « confusions et de retournements », le mythe a aussi perduré via des images. L’ours fait partie de ces repères, et il n’y aurait sans doute pas eu de Saint-Valentin sans cet animal.
Depuis la préhistoire jusqu’au haut Moyen Age, l’ours est un personnage central des mythes européens, vu à la fois comme le roi des animaux et comme le plus proche de l’homme par son comportement, son intelligence, ses « sentiments ». Il est associé à une sexualité débordante. « En 1231 encore, l’évêque Guillaume d’Auvergne écrivait que, lorsqu’une femme s’accouple avec un ours, elle donne naissance à un bébé humain », écrit Jean-Claude Kaufmann. En Europe centrale, lors de carnavals, les hommes se déguisent en ours pour plaire aux femmes, et s’adonnent à des rituels amoureux et sexuels.
Perçu comme immoral, l’animal est combattu par l’Eglise. Grâce à une « communication » féroce, l’ours, au fil des années, perd sa bestialité et devient le symbole d’un amour « galant », dont les dernières traces sont l’ourson en peluche que s’échangent les amoureux aujourd’hui.