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Tribunal de Dakar : Deux faux greffiers arrêtés pour extorsion, usurpation et séquestration

Un réseau de fausses manœuvres judiciaires a été démantelé par les éléments de la Sûreté urbaine (SU), mettant fin aux activités frauduleuses de deux individus se faisant passer pour greffiers au Tribunal de Dakar. Les mis en cause, Assane Ndiaye (42 ans), employé au bureau des nationalités du TGI de Pikine-Guédiawaye, et Moussa Sarr (39 ans), agent au bureau de l’enrôlement du TGIC hors classe de Dakar, ont été déférés ce vendredi 16 mai 2025 devant le procureur.

Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, extorsion de fonds, usurpation de fonction, escroquerie et séquestration.

Un piège judiciaire orchestré dans les couloirs du tribunal

Tout est parti d’un soit-transmis du procureur daté du 3 avril 2025, qui a déclenché une enquête ciblée sur ces deux agents. Selon le plaignant, Boubacar Faye, il s’était rendu au Tribunal de Dakar pour déposer une plainte contre Mbaye Dione, son débiteur présumé. Il est alors pris en charge par Moussa Sarr, qui le conduit dans un bureau, où il est rejoint par Assane Ndiaye, se présentant sous le pseudonyme de “Maître Ndiaye”.

Les deux hommes exigent alors 500 000 FCFA pour « régler » l’affaire, montant négocié à 250 000 FCFA. Faute de moyens, Faye se voit proposer un stratagème : convoquer Dione sous de fausses procédures pour obtenir le remboursement.

Sous la menace d’un mandat de dépôt, Mbaye Dione, intimidé, paie un premier acompte de 300 000 FCFA (200 000 en espèces et 100 000 via Wave). Une deuxième tranche de 300 000 FCFA suit, avec 100 000 FCFA remis directement aux deux faux greffiers. À la troisième échéance, Assane Ndiaye réclame encore 50 000 FCFA, mais cette fois, Faye refuse. Face à l’échec de la manœuvre, il porte plainte à la gendarmerie de Thionck.

Des aveux partiels et des tentatives de justification

Interrogés par la SU après leur interpellation au TGI de Pikine et à Ouakam, les deux prévenus nient avoir usurpé le titre de greffier, mais reconnaissent avoir encaissé deux fois 100 000 FCFA, qu’ils se seraient partagés pour « aide apportée » à Faye. Ils affirment n’avoir agi qu’en « médiateurs », tout en admettant que l’affaire s’est déroulée dans les locaux du tribunal, renforçant ainsi la gravité de l’usurpation présumée.

Lors de leur audition, Assane Ndiaye a justifié son silence face aux convocations par un décès familial et des audiences foraines, tandis que Moussa Sarr a déclaré croire que le dossier était classé.

Face aux confrontations et témoignages de Mbaye Dione et Boubacar Faye, les enquêteurs concluent à une escroquerie planifiée, rendue possible par leur proximité avec l’appareil judiciaire et une exploitation flagrante de leur statut professionnel.

Une affaire qui ébranle la confiance dans l’institution

Ce scandale, survenu au cœur même du système judiciaire, pose la question de l’intégrité de certains agents et du contrôle des accès aux fonctions sensibles dans les juridictions sénégalaises. Il jette une ombre sur la rigueur attendue dans les tribunaux, et appelle à un renforcement des mécanismes de surveillance interne, notamment sur les fonctions non titulaires.

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Journaliste et Blogueur, Fondateur du Blog de la Jeunesse Consciente.
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