UCAD: dix ans après, Wathie se souvient toujours du bain de sang du 3 juillet 2008
Il y a dix ans, jour pour jour (3 juillet 2008 – 3 juil. 2018)
Entre le département de Lettres modernes et celui d’anglais, je me retrouvais au milieu de plus de 50 gaillards du mouvement Kekendo, appuyés par des nervis, armés de machettes, de couteaux, de barres de fer… Deux mois plus tôt, le tribunal me condamnait à trois mois de prison avec sursis. Une sentence qui était censée m’empêcher de me défendre, entre autres. Ce jour-là, j’ai senti l’importance de la vérité dans un combat que le courage, seul, ne permet de gagner. Je reçus un nombre incalculable de coups de machette, de couteaux, notamment en plein visage. A part ma main, qu’une pierre qu’on m’a lancée a cassée, je sortis « indemne » de ce traquenard ourdi au plus haut sommet. C’est un étudiant qu’ils ont voulu tuer, mais c’est le mouvement estudiantin qu’ils ont décapité.
Un épisode douloureux que je ne peux évoquer sans penser à tous ces frères de la Liste Rouge qui avaient préféré la vérité au matériel. Au prix de leur sang, ils ont tenu. Je me rappelle, pendant plus de deux semaines, les Ndiaga Diouf, Ndéné Baguel Maïmoude Mbodji, Birane Mbengue, Magueye Diallo, Chérif SY, Mbaye Dieye, Michel Perlo,Landing Dosh Junior Dieme, Amdy Ndiaye, Matar Kalla Niang et bien d’autres ont été, comme des rebelles, traqués dans tout Dakar, alors qu’ils étaient les représentants, légitimement élus, des étudiants. Mais, je pense surtout à ce frère, cet ami, ce compagnon dont la fidélité, la loyauté et le courage me font tant défaut aujourd’hui. Sa mort pèse encore sur de nombreuses consciences. JE PARDONNE MAIS JE N’OUBLIE PAS.
MAME BIRAME WATHIE