Un mandat, deux meurtres, Diourbel pleure toujours ses fils
UCAD: Affaire Feu Bassirou Faye, un dossier en Panne
Quatre ans, que nous quittait dans des conditions tragiques Bassirou Faye, tué par balle réelle par les forces de l’ordre le 14 août 2014 dans une manifestation des étudiants qui réclamaient leurs bourses. Avec toutes les promesses qui ont été faites à la famille ainsi qu’à la communauté estudiantine que justice sera faite et l’émoi que son décès ont suscité, force est de s’attendre à l’ébahissement, la désolation et la déception des citoyens face à la situation inerte de ce dossier.
Aujourd’hui, difficile de croire qu’on en soit là. Mais la triste réalité est que la justice sénégalaise peine jusqu’à présent à élucider ce dossier où l’Etat du Sénégal, employeur du policier a été civilement reconnu responsable et Sidy Muhammed Boughaleb a écopé de 20 ans de travaux forcés et 50 millions à titre de dommages et intérêts après dix-sept mois de prison passés à la maison d’arrêt de Rebeuss.
Cependant, comme dans tout Etat de droit il existe des voies de recours pour tout citoyen qui pense être lésé dans une décision de justice nul ne pouvait refuser à sa défense de poursuivre son combat juridique pour sauver la peau de son client. « Nous allons faire appel de la décision très rapidement. Parce qu’il faut que justice se fasse nous sommes dans un Etat de droit. Nous ne voulons pas de justice politique», s’est souligné l’Avocat du policier, Me Moussa Bocar Thiam après que la cour a rendu son verdict. Ce qui est tout à fait normal et naturel mais qui ne devait en aucun cas être synonyme de l’abandon du dossier dans les tiroirs encore moins l’arrêt de la procédure judiciaire.
Le temps de la justice n’est pas celui de la politique mais la décision divine aussi n’attend pas les juristes encore moins les politiciens. Mamadou Faye, Le père de feu Bassirou Faye, est décédé entre temps sans que justice soit faite sur la mort de son fils. Pourtant, après la mort tragique de l’étudiant de la Faculté des Sciences et Techniques (FST) de l’UCAD Bassirou Faye le président de la République Macky Sall était vite entré en contact avec lui pour présenter ses condoléances dans un appel téléphonique depuis la France où il se reposait à l’époque. Ce qui a été salutaire car à travers cet acte c’est le chef suprême des armées qui compatissait à la douleur de la famille éplorée. C’est pourquoi nous croyons que c’est à lui de veiller à ce que ce dossier pendant devant la justice sénégalaise depuis trois ans soit vidé juridiquement au nom du respect de la dignité humaine.
Trop c’est trop ! Le procureur avait soutenu dans son réquisitoire devant le tribunal que les forces de l’ordre étaient parties à l’Ucad ce jour-là (14 août 2014 Ndlr) pour installer le chaos et la désolation. « Car, elles sont rentrées dans l’intimité de ces étudiants en rentrant dans leur chambre. Ces forces de l’ordre ont cassé sous le coup des ordinateurs et déchiré des documents de ces apprenants ». En plus, au-delà de la casquette estudiantine, Bassirou Faye était un citoyen sénégalais lamentablement assassiné dans son propre pays. Donc, le minimum que l’on puisse faire est de tout mettre en œuvre pour que justice soit rendue à sa famille.
Après Bassirou Faye, Diourbel perd un autre fils Sous le régime de Macky Sall
Encore Diourbel! Après la mort tragique de Bassirou Faye, assassiné le 14 août 2014, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la region de Diourbel vient de perdre encore un autre fils Fallou Sène, étudiant en deuxième année en Lettres modernes à l’Université Gaston Berger de Saint-Lous. Parti à la quête du savoir, Fallou Sene a été lâchement tué, mardi 15 mai 2018, laissant derrière lui une veuve, un enfant et des parents que la barbarie a arraché un être cher, un mari, un père et un fils. Le décompte macabre de la communauté estudiantine diourbeloise continue sous le régime de Macky Sall. De Dakar à Saint-Louis, le sang des Diourbelois coule. Le constat est pathétique. La déception et la colère des étudiants ont atteint leur paroxysme. Mais c’est sans suprise que nous avons appris cette triste nouvelle parce que quand on choisit le bras de fer à la place du paiment à temps des bourses aux étudiants, il faut toujours s’attendre au pire.
Certes, le mal est profond et la douleur incommensurable, mais on refuse de croire que la justice sénégalaise est incapable de faire la lumière sur cet acte abject même si elle peine, jusqu’à présent, à vider juridiquement le dossier de feu Bassirou Faye. Les étudiants restent sur leur soif de justice. L’affaire portée devant la cour d’appel semble être au point mort. Comme à l’accoutumée ils viendront jouer les sapeurs-pompiers. Ils nous diront plus jamais avec même des larmes de crocodile pour recoller les morceaux. Ils surferont sur les vagues des prommesses d’une justice qu’ils peinent à rendre à la communauté estudiantine et particulièrement à la famille de Bassirou Faye.
Heureusement, les étudiants ont maintenant tout compris. Ils vous laisseront terminer votre farce et en bons croyants, ils peuvent même pardonner mais jamais ils n’oublieront tous les sevices qu’on leur a fait subir durant le septennat de Macky Sall où la transgression des franchises universitaires, l’une des causes de la mort de feu Bassirou Faye et les affrontements entre étudiants et forces de l’ordre, font désormais parties du quotidien des universités sénégalaises.
Qu’Allah accueille nos morts au paradis !!!
DJIBY SENE – Journaliste – Blogueur